25.1.07

Basketball diaries





Depuis l’an dernier, je fais partie d’un cercle d’écriture qui regroupe 5 femmes de différentes générations (nous avons entre 33 et 75 ans) et de plusieurs origines (Magali a grandi à Paris; Jocelyne est arrivée du Nouveau-Brunswick; Pierrette est une francophone du nord de la province et Nathalie a quitté le Rwanda à cause du génocide). Nous avons tout de même plusieurs choses en commun, les plus importantes étant que… nous sommes des femmes, nous sommes francophones et nous vivons à Edmonton. Nous écrivons ensemble dans le but de publier un recueil de nos textes; poèmes, nouvelles et récits autobiographiques.

Il y a quelques semaines, pendant un remue-méninges d’écriture sur l’adolescence des filles, j’ai eu un flash. Le basket. La plupart de mes souvenirs d’adolescence tournent autour de mon expérience de basketballeuse.

Hum… Je vous entends d’ici :

… han… ?!

Pour les lecteurs qui ne connaissent pas mon « autre vie » (celle qui précède mon arrivée en Alberta à 21 ans), je vous préviens : noyez votre scepticisme! Je ne fais même pas 5 pieds et 1 pouce. C’est vrai. Je n’ai pas le profil très sportif. Je vous l’accorde. Et à vrai dire, je ne suis pas du tout compétitive. Mais je vous le jure, j’ai réellement à mon compte 7 années de basket et même 2 années en tant que coach.

Eh.


1982-83

Tout a commencé à cause de mes frères. Ils jouaient au basket. (Et au hockey, et au baseball, et au soccer, et au football…). Mais le basket, c’était vraiment cool. Pour les filles aussi. Mon père avait cloué un panier de basket sur le toit de la remise et mes frères m’ont donné le droit de toucher au ballon (les patins blancs n’étaient pas admis sur la patinoire quand les boys jouaient au hockey et ma seule expérience de baseball se résume à recevoir un bâton de métal sur le nez parce que « j’étais dans les jambes », c’est-à-dire, derrière mon frère, quand il a batté…). Mes frères m’ont même permis de lancer au panier. Et ils ont été impressionnés : j’avais un talent inné, une très bonne technique de lancer! Gonflée de fierté, j’étais toute oreille quand ils m’ont alors appris à faire des « lay ups » et à dribbler (pas évident sur le gazon parcellé de pierres des champs, mais parfois on avait l’asphalte du « car pot » quand les voitures étaient sorties).

Puis, mes copines d’enfance Julie et Marie-Claude ont embarqué dans le trip. Nous avons d’ailleurs abandonné les Jeannettes pour nous consacrer uniquement au… mini-basket (le basket à l’école primaire). Finis les jeux de macramé dans un sous-sol et les chansons de Jésus autour du feu, nous faisions partie d’une équipe, d’une ligue, nous avions un vrai coach, des pratiques et des tournois.

C’était la belle époque des années 80, la roulathèque et le disco n’étaient plus tendance, maintenant c’était les chandails chauve-souris en coton ouaté, les leggings, les bottines Converse et Nike, sans oublier les bandeaux et les poignets de réchauffement en ratine. Nous étions des sportives, nous n’avions plus rien à envier aux garçons.


L’école secondaire

J’entre ensuite au Collège Marie-de-l’Incarnation. Les ursulines qui enseignent encore se comptent déjà sur les doigts et les laïques mènent la baraque, mais le programme de sports est un des meilleurs en Mauricie. À cause de ma super technique de lancer, j’ai toujours été sélectionnée pour jouer dans les meilleures équipes (nous participions à des ligues provinciales), mais comme je n’étais ni rapide, ni grande, ni bonne, je deviens vite une « bencheuse »professionnelle (traduction : je « jouais sur le banc »… traduction : je ne jouais pas beaucoup). Mais j’aimais l’expérience sociale qu’était le basket et j’ai souvent été capitaine de mon équipe. Faut croire que j’avais du leadership et que je savais être amie avec toutes mes coéquipières.

D’ailleurs, je pense que c’est grâce au basket, à mon expérience en tant que joueuse, capitaine et coach, si j’ai développé les aptitudes nécessaires au travail de mise en scène et de direction artistique. J’ai appris à travailler en équipe, à diriger un groupe et j’ai développé des techniques pour entrer en contact avec chacun selon sa personnalité et sa façon de travailler… Quand on y pense, il n’y a pas beaucoup de différences entre donner un bon show et jouer un bon match. On pratique, on s’entraîne, on travaille en équipe, on a le trac et quand le temps est venu de performer… on donne son 150%.


La crise d’adolescence

Quand je pense à mes années de basket, je me rappelle surtout des larmes et des rires dans les vestiaires, avant ou après un match ou une pratique. Des larmes parce qu’on avait perdu contre des pas-bonnes qu’on battait habituellement haut-la-main. Des larmes pour des peines d’amour. Des larmes à cause d’une mauvaise note dans un examen de chimie. Des larmes parce que des parents divorçaient. Des rires pour des histoires de gars complètement colons. Des rires remplis de larmes en criant « tous des chiens! ». Des rires de nervosité en entrant illégalement dans les catacombes secrètes sous le collège. Des rires amoureux en regardant les mecs (plus vieux) du Séminaire jouer au tournoi du Takefman. Des rires en apprenant que les « chanteurs » de Milli Vanelli sont vraiment des twits. Des rires en se rappelant que deux ans plus tôt on trouvait Patrick Swayze tellement beau.


On était des vraies adolescentes. Parfois charmantes et parfois méchantes. En pleine quête d’identité et d’harmonie. Des montagnes russes d’émotions et d’hormones. On avait un kick sur le coach pendant une minute, la minute d’après on le haïssait pour le tuer. On s’inventait des rivalités avec les équipes des polyvalentes parce qu’on pensait qu’elles nous haïssaient parce qu’on allait à l’école privée. On attachait nos cheveux coupés en dégradés avec du tape blanc athlétique pour cacher nos barrettes de métal qui étaient interdites par les arbitres. On se faisait des confidences, on se trahissait, on bitchait, on se chicanait puis on se réconciliait. Parce que dans le fond, on s’aimait.


Je me rappelle aussi de tous ces longs moments d’attente. On attend beaucoup quand on est adolescent. On attend que l’adolescence finisse surtout. Mais on attend d’abord le début de la pratique après les cours. On attend notre lift après la pratique. On attend le bus pour aller au centre d’achats toutes ensemble. Et pendant tout ce temps, on parle. On grandit. Ensemble. Pendant tout ce temps, au moins, on n’est pas toutes seules.


Le choix de Josée

Je dois par contre l’avouer, c’est peut-être aussi à cause du basket que ma carrière artistique a été si lente à se concrétiser. J’ai fait beaucoup d’impro et d’animation à l’école, j’ai aussi joué dans des pièces avec le cours d’art dram. Mais au collège où j’allais, LE SHOW qui pouvait nous lancer sur la bonne voie si on avait la vocation artistique (ce que je n’admettais pas encore) avait lieu en secondaire 5. En collaboration avec le Séminaire de Trois-Rivières, les élèves montaient une comédie musicale de très grande envergure. Il fallait passer des auditions, chanter et jouer, et les répétitions s’étendaient de septembre à mai jusqu’aux représentations qui avaient lieu à la Salle J-Antonio Thompson, attention, mes amis. Il fallait donc faire un choix : jouer au basket… ou faire partie de la comédie musicale.


Une dernière année avec ma gang de filles avant de se séparer pour le Cégep, une dernière année à jouer au basket avec mes meilleures amies, mes coéquipières… je ne pouvais pas les laisser tomber pour aller faire du théâtre! Alors oui, j’ai choisi le basket.



Et puis, la vie continue…

Quand le Cégep arrive enfin, peu d’entre nous continuent à jouer au basket. Petit à petit, le basket disparaît de nos vies… L’adolescence est finie.


À 16 ans, j’avais choisi le basket au lieu du théâtre; à 17 ans, j’ai choisi les sciences au lieu des arts. Mais à 18 ans, j’ai changé de cap. J’étais une adulte maintenant et il fallait que je pense à moi en premier. Alors j’ai étudié en communications et littérature, puis en cinéma à Montréal. Et, à l’été 1994, même si je savais que je ne reverrais plus aussi souvent mes copines d’enfance, mes copines de basket, je suis partie pour l’Alberta. Et qu’est-ce qui s’est présenté à moi (chassez le naturel et il reviendra au galot)? L’opportunité de faire du théâtre. Cette fois-ci, j’ai vraiment répondu à l’appel artistique. J’étais prête.


And the rest, as they say, is history.

Voilà, merci d’avoir lu mes « basketball diaries ».

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Je suis la Marie-Claude qui est citée par ma plus vieille amie d'enfance. Je connais Josée depuis maintenant 28 ans. Je demeure au Québec et ma grande chum me manque énormément.
Josée, tu m'as rappelé beaucoup de souvenirs. Ce soir, en te lisant, j'ai ris et pleuré.
J'ai eu la chance de partager les premières années de ma vie avec une fille extraordinaire.
Lâche pas ma cocotte, je suis fière de toi!xxx

Anonyme a dit...

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