27.9.07

Petit message pour vous rassurer

Oui, je sens le devoir de blogger aujourd’hui pour confirmer que tout va bien et que je ne me suis pas perdue dans les pièces de ma nouvelle demeure. Les dernières semaines ont été éprouvantes au niveau travail, le mois de septembre a été celui des démarrages difficiles. TOUS les projets sur lesquels je travaille semblent avoir du mal à avancer, j’ai beau peser sur le gaz, le moteur fait pouet pouet… Mais je sais que nous allons nous rendre à destination, il faut juste que l’engin se réchauffe un peu… Bon, il faut vraiment que je sois dans un état d’écoeurantite intense pour emprunter des métaphores à la mécanique automobile, mais n’ayez crainte. Je devrais me retrouver sur mes pattes très vite! (Vives les piétons).

Pour vous éclairer légèrement sur mes acrobaties artistiques, je dois vous préciser que je jongle trois contrats de mises en scène en même temps, deux de théâtre et une de spectacle multidisciplinaire, en plus d’écrire un show d’humour avec ma gang de fous et de me faire ausculter par des étudiants de médecine et de prêter ma voix à des programmes de mathématiques sur internet pour le ministère de l’éducation. Dans le cas des mises en scène, c’est la recherche de comédiens et de compétences techniques qui s’avère toujours le plus ardue (je vous rappelle que nous sommes en Alberta et que la pénurie de main d’œuvre frappe aussi le domaine des arts), dans le cas du show multimultitout, et bien, c’est une trop longue histoire, mais en gros, nous avons dû changer tout le concept pour accommoder un manque de disponibilité de salle et… de techniciens (en plus de nombreux malentendus entre les divers intervenants qui produisent et diffusent l’événement – pour ceux et celles qui travaillez dans la francophonie, vous devez lire entre les lignes).


MAIS sinon, tout va bien. Je suis hormonalement détraquée, boutonneuse et testostéronée (les médecins qui nous prescrivent la pilule pendant 15 ans ne nous mentionnent jamais que, lorsqu’on arrête, les surprises nous attendent), c’est la pleine lune et les feuilles sont jaunes dans les arbres.


Mais tout va bien.

Surtout qu’un bon ami avec de très bons contacts nous a déniché des billets pour aller voir le show de LOREENA McKENNITT ce soir. AAAAAHHHhhhhhhhh!!!!

Je vous en reparle dès que possible.


p.s. j’avais envie de mettre une belle photo pour accompagner ce blog, alors voilà ce que je vois de mon bureau et qui me rassure et me rappelle que si mes cycles à moi sont détraquées, ceux du temps sont toujours fidèles… La belle horloge de l’ancien bureau de poste de la Whyte Avenue. À cette adresse, on trouve maintenant un petit resto italien qu’on aime bien, le Chianti’s et le Billiards Club, où on ne va jamais parce que, franchement, moi, les pools...

13.9.07

L’automne albertain : ma journée préférée

J’ai toujours prétendu que ma saison préférée était l’automne. Probablement parce que, dans la province qui m’a vu naître, l’automne est la saison la plus somptueuse, la plus colorée et la plus romantique. Depuis que je me suis exilée et après de nombreux voyages dans des contrées ensoleillées et au climat sec, j’ai découvert ma nature méditerranéenne, les bienfaits de la lumière sur mon mental et surtout la légèreté qui m’enivre quand je ne suis pas accablée par l’humidité. Je n’ai pas vécu l’automne québécois depuis quatorze ans, ce qui se résume à dire que je n’ai pas vécu d’automne tout court depuis quatorze puisqu’en Alberta, l’automne, ça n’existe pas. Un jour, vous êtes en été, le lendemain, c’est l’hiver. (Vous vous apercevez subitement que les feuilles ont jauni tout d’un coup et sont tombées au sol pendant une de ces nuits venteuses typiques du mois de septembre, et voilà, on n’en parle plus, les arbres sont tout nus comme ils le sont de toutes façons 9 mois sur 12, la neige est à nos portes, et les bonheurs d’été, eux, sont déjà au rang des souvenirs lointains.)

La plus belle saison de ma jeunesse n’existe donc pas par ici, sauf peut-être par une journée comme aujourd’hui.

Mi-septembre, mi-semaine, mi-habitué à la routine de la nouvelle année du calendrier scolaire, on se lève un matin et Environnement Canada annonce un maximum de 7 degrés. À dire vrai, sur le site de Météo Média, on précise que la température ressentie est de –1 degré Celcius. On jette un coup d’œil dehors. Les gens ont remonté le col de leur veste, ils ont croisé les bras pour se réchauffer, rentré la tête dans leurs épaules, ils marchent d’un pas pressé, soufflés par le vent qui les plie presque en deux. On entend presque leur surprise, leur incompréhension, what the f**, comment peut-il faire aussi froid quand hier il faisait 22 degrés… Ceux qui portent encore leurs sandales se disent qu’ils vont attraper la crève, ceux qui ont pensé mettre un manteau regrettent de ne pas avoir apporté de gants.

C’est l’entre-deux saisonnier par excellence. On se demande quoi mettre, on n’a pas envie de sortir de la boule à mites nos pantalons de cor du roy, alors on enfile les deux ou trois premiers chandails de laine qui nous tombent sous la main et on enroule son écharpe d’été trois fois autour de son cou et on sort, tentant le tout pour le tout. Et, là, bien que l’on devrait être assommé d’un lourd coup de déprime, on se prend à trouver ça… merveilleux. On se balade dans le tourbillon des feuilles mortes, on se remplit d’une mélancolie romantique, on se voit, comme dans l’œil de la caméra de Woody Allen, embrumés dans nos complexités d’artistes, traversant Central Park pour chercher l’inspiration, les cheveux un peu gras et vêtu comme Annie Hall avec ses vestons d’homme et ses vieux chapeaux. On est assailli des meilleures idées de romans à écrire, on a des révélations sur la vie, on a envie de passer la journée à siroter du café dans un petit bistro européen en lisant Prévert ou d’aller visiter ce musée qu’on se dit qu’on devrait aller visiter un jour.

C’est la journée annuelle de l’automne albertain, alors il faut en profiter, elle arrive sans crier gare et repart aussi vite.

6.9.07

Clé de boîte postale, lave-vaisselle et autres préoccupations bourgeoises

Et bien, nous voilà installés au Heritage House. Plus que quelques cartons à défaire et des dizaines de photos à clouer aux murs et on aura presque l’impression de vivre ici, chez nous, et non pas à l’hôtel.

Six jours après l’emménagement, l’appartement se trouve peu à peu une âme, au fur et à mesure qu’on laisse nos traces de pièce en pièce, avec chaque va-et-vient qu’on effectue parce qu’on cherche encore où on a rangé nos machins, tout comme à chaque fois qu’on crie « Quoi? J’t’entends pas! » parce qu’on avait l’habitude de se parler aux quatre coins de notre ancien studio et que maintenant on aurait besoin d’un intercom ou de walkies-talkies. On vit dans l’espace, mes amis. L’espace spacieux.

J’ai fait l’expérience de ma première vidée de lave-vaisselle ce matin. Grandement déçue, je vous avoue. Encore une question spatiale peut-être, mais je crois que nous devons encore apprendre à bien disposer les morceaux à nettoyer en fonction du jet d’eau du dit lave-vaisselle. Les grumeaux au fond des verres étaient nombreux et la spatule à barbecue encore toute croustillante de sauce fromagée. J’ai dû tout relaver et j’ai trouvé que la promesse bourgeoise d’un monde meilleur miroitée par ce machin-laveur était une fourberie des plus frustrantes.

Autre crise matinale : au programme de mon jeudi, de nombreux rendez-vous dans le quartier francophone pour mettre en branle trois projets de mises en scène. Vers 8h15, toute prête à affronter la balade pluvieuse de la Whyte à la Marie-Anne-Gaboury, je cherche mes clés. Même après seulement six jours, je sais qu’elles devraient se trouver sur le petit crochet près du futur téléphone de l’entrée. Le petit crochet est tout nu. Je vérifie les poches de mon sac. Vides. Je regarde par terre, à travers le rack à souliers et les chaussures de mon époux, je garoche par-dessus mon épaule ma collection de Mary Janes chinois, j’ouvre au hasard deux ou trois tiroirs de la cuisine, le frigo au passage, mon pouls s’accélère, j’essaie de retracer mes allers et venues de la veille et puis… je clique. Mon charmant époux a pris mon trousseau de clés hier soir pour aller ramasser le courrier, car l’unique clé de la boîte postale s’y trouve. Le dit trousseau de clés est fort probablement encore accroché au sien. Dans son sac de travail. Au travail. C’est-à-dire sur un chantier, à Sherwood Park. C’est-à-dire à 40 minutes d’ici en voiture.

J’ai sacré et fouillé toutes les poches des jeans et des manteaux de la maisonnée pendant une demi-heure, au cas où, puis j’ai jeté l’éponge et je me suis résolue à annuler mes rendez-vous et à passer la journée dans l’appart.

À FAIRE CE WEEK-END : des copies de la clé de la maison à laisser chez Kevin et Lisette.


Mais finalement, la journée a été positivement productive. J’ai fait un café avec ma minable petite machine à espresso et, speedée comme une victime du syndrome de Tourette sur le Ritalin, j’ai fini l’installation de mon bureau et j’ai répondu à tous mes engagements annulés par téléphone et courriels.

J’attends maintenant le conteur Roger Dallaire et le violoniste Daniel Gervais qui doivent venir me rencontrer ici pour une réunion de production.

Si ça se trouve, je n’aurai plus jamais besoin de mes clés puisque je n’aurai plus jamais besoin de sortir de mon nouvel appart.


À surveiller, bientôt sur ce blog, une petite vidéo de ce nouvel appart. Une vidéo de l’espace, mes amis. L’espace. Spacieux.