13.11.09

polyfonik

(pour ceux et celles qui n'ont pas pu assister à la conférence de presse du 12 novembre, voici l'info!)

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Communiqué de presse
La Société du Gala albertain de la chanson présente…

EDMONTON, LE JEUDI 12 NOVEMBRE 2009 – La Société du Gala albertain de la chanson dévoile aujourd’hui les nouveautés qui souligneront la naissance d’un « nouveau gala », version revue et adaptée aux nouvelles réalités et besoins de nos artistes de la chanson. L’artiste et directrice artistique de la SGAC, Josée Thibeault, est la conceptrice d’un nouveau concept du nom de polyfonik, concept qui alimentera les coulisses de la SGAC d’ici la présentation de son événement annuel de la chanson, le samedi 29 mai 2010.

Le producteur de la SGAC, Jonathan Guilbault, précise : « La Société du Gala albertain de la chanson souhaitait maximiser son impact et les retombées engendrées auprès des artistes en émergence. Il était primordial pour l’organisme d’entrevoir un plan qui permettrait aux artistes de bénéficier d’une plate-forme d’échanges, d’inspiration et de création. Voilà exactement ce que Josée Thibeault a développé et nous sommes des plus fiers des grands changements qui seront apportés au cours de l’année 2009-2010. »

Collaboration et polyvalence

Pourquoi polyfonik ? Ce nom est inspiré du mot « polyphonie » qui signifie : combinaison de plusieurs voix indépendantes reliées par les lois de l’harmonie.

Josée Thibeault mentionne : « La vie d’artiste professionnel n’est pas facile et ceux qui décident de suivre leur vocation, et ainsi gagner leur vie, doivent avoir plus d’une corde à leur arc. En isolant trop chaque pratique artistique, on ne rend service à personne. La plupart de nos artistes excellent dans plus d’une discipline artistique. Un musicien est aussi cinéaste, une chanteuse a une formation en théâtre physique, un danseur est aussi chanteur classique, un comédien écrit du slam, un VJ joue d’un instrument… polyfonik joue avec tous ces atouts en mettant de l’avant la polyvalence de nos artistes. »


L’événement de la chanson qu’on a appelé « Gala albertain de la chanson » au cours des 20 dernières années devient désormais polyfonik. Puisqu’il s’agira de la 21e édition en 2010, l’événement portera le nom de polyfonik21. Les deux artistes en émergence, ayant été sélectionné le 31 octobre dernier lors d’un processus d’auditions, se verront entourés d’artistes de métier. Cette équipe de huit (8) personnes, nommée le noyau, sera en charge de la création du spectacle annuel. Fini le concours ! Les prix deviennent des bourses, les lauréats deviennent des participants, les formateurs deviennent des créateurs, etc.

LES « POLYFONICIENS »

Les deux artistes sélectionnés lors des auditions 2009-2010 sont Iligy (alias Ilyas Mahfoud) et Natacha Homerodean. Ces artistes seront accompagnés par le reste des membres du noyau de 2009, soient Ariane Mahrÿke Lemire, Raphaël Freynet, Casey Edmunds, Steve Jodoin, Joël Lavoie et Josée Thibeault. Ces « polyfoniciens » seront tous impliqués dans le processus créatif du spectacle et participeront aux différentes retraites et activités qui se dérouleront d’ici mai 2010.

Il va sans dire que polyfonik donnera un tout nouveau souffle à cette grande célébration de la chanson d’ici. Notons que l’organisme en charge de la production de polyfonik, la Société du Gala albertain de la chanson, conservera la même dénomination sociale.


LE SPECTACLE polyfonik21 SERA PRÉSENTÉ LE SAMEDI 29 MAI AU THÉÂTRE DE LA CITÉ FRANCOPPHONE D'EDMONTON.

26.10.09

Journal de la création

(titre emprunté à l’un de mes essais préférés, écrit par Nancy Huston)


Le 23 juillet dernier, j’ai reçu une lettre du Conseil des arts du Canada. Dès que j’ai vu le logo du CAC et son petit arbre sur le coin de l’enveloppe blanche de taille 8 x 12, les battements de mon cœur se sont accélérés. Voyez-vous, quand il s’agit d’un refus, le format de l’enveloppe est généralement de type 3.5 X 8. La date du jour était aussi de bonne augure. On annonce les bonnes nouvelles en premier, les recalés sont avertis plus tard. J’ai sorti l’enveloppe de mon petit casier postal et je l’ai collée contre mon cœur pour prendre l’ascenseur jusqu’au 6ème étage. Une fois entrée dans mon appart, j’ai pris le temps d’écouter les messages sur le répondeur, d’aller faire pipi, de boire un verre d’eau. J’ai réfléchi pendant quelques secondes : ouvrir l’enveloppe dans mon bureau, au gros soleil, ou ouvrir l’enveloppe dans le salon, devant la porte patio toute grande ouverte, ou ouvrir l’enveloppe sur le balcon, au grand air…. Finalement, le salon, spacieux et aéré, s’est avéré idéal pour la prise de connaissance de réponse de demande de subvention, permettant la danse africaine et l’air frais en cas de réponse positive et d’énervement majeur de la récipiendaire.

J’ai pris le ciseau pour découper une fine ouverture à l’enveloppe (advenant une réponse positive, on veut garder l’enveloppe propre pour les dossiers), j’ai retiré les feuilles 8X11 également décorées du logo (autres bons indices, plusieurs feuilles = formulaire d’acceptation de la dite subvention) et j’en ai lu les premières lignes :

« Madame,

J'ai le plaisir de vous annoncer… »

Je n’ai pas lu les lignes suivantes tout de suite, puisqu’il est difficile de lire en dansant la danse africaine et surtout en état d’hyperventilation. Mais une fois le calme revenu, j’ai lu la suite de la lettre plus calmement.

« ... de vous annoncer que votre demande de subvention au Programme d'aide à la littérature orale (création parlée et conte), dont la date limite était le 15 avril 2009, a été retenue. »

Alors voilà. Je vous copie ici un extrait de la description de mon projet, tel que déposé au CAC:


Une petite fille. Qui est. Une femme. Qui est. Une petite fille.

Son corps. Qui campe l’espace. Sa voix. Qui vous parle. Ses yeux. Qui se posent sur le monde. Ses mots. Qui le racontent.

Cette demande couvre une période d’écriture de textes, allant du slam-performance à la prose poétique en passant par le monologue littéraire, suivie de la production d’un spectacle de création parlée de 60 minutes. Ces textes, qui seront unis par leurs thématiques et la démarche dans laquelle ils seront interprétés, seront livrés lors de présentations publiques dans des festivals littéraires et dans des théâtres. Seule sur scène, j’aurai comme instruments, outre les mots, ma voix et mon corps, pour incarner le personnage narrateur et « la Petite /Lulu», son alter ego.


Qui est « la Petite /Lulu»? Elle est née dans l’est, elle est devenue femme dans l’Ouest, elle vogue sur les cultures francophones si difficilement identifiables de son pays polyglotte, elle tire la langue aux conventions en faisant exploser sa langue maternelle. Parfois elle a le courage de donner sa langue au chat, mais jamais elle n’a la langue dans sa poche.





Les demandes de subvention du Conseil des arts du Canada doivent tout de même être assez étoffées et, du coup, j’ai soumis toutes les étapes de la production d’un tel spectacle, de l’écriture à la mise en marché en passant par les répétitions. Comme le jury a recommandé 85% de la somme totale du budget que j’avais monté, je vais surtout me concentrer sur l'écriture et le montage du spectacle en une première mouture (misant surtout sur les textes et la structure du show) que je souhaite présenter en mai 2010. Il s’agira d’une étape de rodage afin de présenter un spectacle plus complet (avec une mise en scène plus fignolée) à l’automne 2010.

Mais dans mon plan marketing pour la publicité du spectacle, j’avais aussi inclus l’idée d’un journal de la création… sur le web. Idée plutôt bonne, que j’ai décidé de mettre en œuvre.

Il s’agira donc de tenir, ici, sur ce blog, un journal de bord / carnet de voyage / « making of » de la création du spectacle de La Petite / Lulu.

Je vous tiendrai au courant des développements de cette création, mais aussi de mes autres travaux en chantier.


Dont

- la version théâtrale du roman Visiting Elizabeth de Gisèle Villeneuve

- le nouveau Gala… (le 12 novembre prochain, lors d’une conférence de presse, seront annoncés le nouveau nom et le nouveau concept du Gala de la chanson, dont je suis l’instigatrice… à suivre)

- La Petite compagnie et ses événements théâtraux… (qui ont débuté par notre Marathon de création, qui a eu lieu le 20 septembre dernier )

- et le RiRe H1N15… parce que le RiRe, c’est contagieux, même après 15 ans (nous présentons la revue humoristique des événements de l’année en sketches et en chansons le 12 décembre prochain)

Alors pour ceux et celles qui se demandent parfois ce que je fais dans la vie ou sur quoi je travaille présentement… vous serez servis!




25.10.09

Move Over Make Over

J'ai définitivement besoin d'un nouveau look.

Blog.

Cheveux.

Personnage...


Ouais. Ça s'en vient. Il est tard, dimanche soir, 25 octobre. Je vous annonce que je vais reprendre ce blog dans le cadre de la création de mon spectacle La Petite/Lulu tire la langue (titre de travail...).


À bientôt!



la trotteuse slameuse

2.7.09

1983

Automne 1983. J’ai 10 ans.

Les murs de ma chambre sont tapissés depuis quelques années de posters géants d’un certain chanteur américain, beau jeune homme noir aux traits fins, portant manteau de cuir de rouge, cheveux en boucles souples et lunettes d’aviateurs. Sa musique, ses vidéos, ses pas de danse me rendent fébrile. Je ne connais pas le show business, je n’ai pas encore de culture musicale, mais la performance à son meilleur, ça ne laisse personne indifférent. Même à 10 ans.

La sortie de Thriller, un vidéo de 14 minutes de Michael Jackson, est annoncée depuis quelques jours. Ma cousine Caroline et moi sommes impatientes et énervées. Nous sommes probablement les deux plus grandes fans de MJ de toute la rue Clermont à Trois-Rivières-Ouest! Le grand soir arrive, nous sommes scotchées à l’écran. Le mini-film commence, on l’annonce dès la première image, c’est le « Michael Jackson’s Thriller », personne d’autre (même si un certain John Landis l’a réalisé). Le beau Michael dans un look rétro des années 50, une jolie minette à ses côtés, qu’est-ce qu’ils disent? On ne comprend pas tout, notre anglais s’améliore d’année en année à force de regarder The Cosby Show et Familiy Ties, mais il faudra demander à papa Gaétan de nous traduire. Et puis… Ah! Michael se change en loup-garou! Et puis… oh! Mais non, ils étaient au cinéma. Et la musique commence… Ah… Michael. Il danse autour de Ola qui marche de façon sexy, on admire leurs fringes 80’s, les manteaux de cuir, les pantalons ajustés, les loafers. 14 minutes de bonheur, car il danse, il danse! Ils dansent tous tellement bien! Et les morts-vivants aussi, mais on n’a même pas peur, c’est du pur divertissement! D’ailleurs, tout ça n’est qu’un mauvais rêve. Michael Jackson n’est pas un monstre, voyons! And so we thought…

Combien de fois avons-nous regardé le « Making of Michael Jackson’s Thriller » dans le sous-sol de la maison de Caro? Toujours fascinées par les chorégraphies, par les maquillages et les effets spéciaux, toujours fascinées par lui, oui, avant tout, éblouies par ce phénomène, cet artiste génial qui créait et performait depuis l’enfance, si jeune encore. Je me rappelle que mes frères et mes cousins nous taquinaient beaucoup, Caro et moi, d’être fans de Michael Jackson. Il avait l’air d’une tapette, il n’était même pas beau, il avait une voix de fille, etc… Notre fascination pour Michael Jackson n’avait rien de sexuel, il ne s’agissait pas d’un béguin pour une vedette masculine, c’était d’un autre ordre. On voulait le voir danser, on voulait l’entendre chanter, parce qu’on était bouleversé par sa « présence » sur scène, par son intensité, par son talent, par son génie. Parce que c’était un génie.

Les années ont passé, MJ faisait toujours de la musique, transformait peu à peu son visage et sa peau, Caroline et moi avons vieilli, la fascination s’est estompée, on suivait notre ancienne idole de loin, sur les magazines people et les émissions à potins. L’enfant prodige, l’homme-enfant, la bête de scène, la bête de cirque, le monstre sacré, le monstre tout court, la victime d’une enfance sacrifiée, le génie auto-destructeur…

La vie a de ces drôles de façons de boucler les boucles. Ma cousine Caroline est venue me visiter en Alberta la semaine dernière pour une première fois depuis que je vis ici. À notre retour de Jasper jeudi soir, en allumant la radio dans la voiture, on entend la fin de la chanson Man in the Mirror. On lève le son, bien sûr, et on chante, de bonne humeur. Puis l’animateur nous apprend que Michael Jackson est décédé ce matin-là.

De retour à Edmonton, on s’est installé devant la télé branchée à mon ordinateur portable et on a regardé ensemble sur YouTube le documentaire « The Making Of Michael Jackson’s Thriller ». C’est comme si on était retourné 25 ans en arrière, dans le sous-sol en tapis de la rue Clermont, pour partager ensemble, ma cousine et moi, l’émoi de voir sous nos yeux le génie artistique d’un grand créateur.

R.I.P. Michael!

13.5.09

Une question de vocabulaire

« L’être dit libre est celui qui peut réaliser ses projets. » - Sartre


Un ami comédien nous a fait remarquer récemment que nous utilisons tous le mot « projet » à tort et à travers. Quand les gens nous demandent sur quoi on travaille en ce moment, on répond tout de go : « Je travaille sur mon projet de slam », « je suis sur plusieurs projets en même temps »…

Ah… Hah!

Voyons la définition exacte.
Projet : image d’une situation, d’un état que l’on pense atteindre. Tout ce qui est antérieur à la réalisation.

Quand on passe des années à préciser une création en théâtre, à en cerner le sujet, à faire de la recherche, à écrire et relire et ré-écrire, et à faire des demandes de subventions pour pouvoir travailler cette création avec d’autres artistes, on étire souvent la phase ‘projet’, si bien qu’on en est venu à utiliser le terme durant toute la durée de la réalisation de l’œuvre. Ce qui est une grave erreur! Question de vocabulaire! Que dit-on à l’univers si notre projet reste toujours en stade de ‘projection’ et non de ‘réalisation’? Pas surprenant que nos ‘projets’ n’aboutissent pas toujours…


Alors voilà, je cesse dès maintenant l’utilisation erronée du terme ‘projet’. Il faut parler de ‘travail’, de ‘création’, d’ouvrage, de production… et d’œuvre, quand la chose a pris forme. Même si elle est un « work in progress » (en théâtre, quelle création ne l’est pas?)

Ça, c’est un autre truc qui m’agace. L’œuvre achevée. Complétée. Terminée. Coulée dans le béton. Et c’est ce que j’aime du théâtre et des arts vivants (autre terme intéressant qui semble à la mode pour définir les arts de la scène; alors quoi? les autres formes artistiques seraient-elles des « arts morts »). Ils sont en constante évolution, ils ne doivent surtout pas se figer à jamais sur la page ou sur la scène.



Alors, si vous vous demandez ce que je fais depuis quelque temps pour délaisser autant mon blog, voilà mes réponses :

- J’écris un one-woman show de slam et de création parlée
- Je collabore à la transposition d’un roman à la scène
- J’écris une pièce de théâtre inspirée des relations amicales et amoureuses de Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre (ou quelque chose comme ça)
- Je fais la direction artistique du Chant’Ouest qui aura lieu le 12 juin
- Je fais beaucoup beaucoup de bénévolat politique en tant que représentante des arts francophones en Alberta.


Beaucoup de projets en même temps? Mais non! Beaucoup de création, de travail, d’ouvrage, de production. Voilà.

Mon prochain vrai ‘projet’ : profiter de l’été quand il va arriver!

10.3.09

8 mars... 9 mars

Je suis née un 9 mars. Il me semble que ce serait un beau hasard pour moi d'avoir vu le jour un 8 mars, date de la journée internationale des femmes... Pour une féministe, comme moi.

Ouais.


Hum.


Mais non, le beau hasard a voulu que je sois née le 9 mars, date de la naissance de







BARBIE.


Elle a eu 50 ans cette année.


Quelle coïncidence. Quelle ironie du sort.


Barbie.



Ouais.


Hum.




...

23.2.09

une image vaut...

... bien des mots.
Surtout quand on n'a pas le temps d'écrire sur son blog. Alors faute de mieux, voici quelques photos prises lors de nos quelques moments de répit et de célébrations en février, avec mon nouvel appareil-photo.


La récession touche aussi l'Alberta... le boum économique est fini. Place au baby boom. Entre le 15 et le 22 janvier 2009, 3 nouveaux bébés sont nés dans notre cercle d'amis. Freya, Henri et Alixe. La première petite que vous voyez, c'est Freya. Et celle d'après, c'est Méa, qui a presque 9 mois, et sa maman Belle Brin (Isa).

Le gros bébé en dessous, euh... c'est Léo.



Autre évènement à mentionner: le vernissage de Seb au CAVA, vendredi dernier! Vous pouvez y voir ses photos jusqu'au 11 mars prochain.

Prochaine expo, le SugarBowl Café (où ont été prises les portraits avec murs de brique)!





Ouais... une image vaut 1000 mots... et rend service à une petite bloggeuse bien occupée.

À la prochaine!

30.1.09

Visiting Gisèle

La saison hiver-printemps 2009 est déjà bien entamée, les projets se sont finalement mis sur pied, les contrats sont bouclés : ce sera une saison d’écriture.

Entamée lors du camp de création Entr’arts 2007 (www.rafa-alberta.ca/entrarts), l’écriture de ma prochaine pièce de théâtre est maintenant réellement démarrée. Avec l’appui de l’UniThéâtre, qui devrait mettre en oeuvre une semaine d’atelier de mise en lecture avec comédiens à l’automne prochain, je passerai donc les prochains mois à bosser sur « Simone ». Titre de travail déjà très dépassé, mais qui traduit la source initiale d’inspiration, Simone de Beauvoir. En fait, mes personnages sont plutôt des ‘wannabe’ existentialistes, deux profs d’université frôlant la quarantaine et qui ont conclu un pacte ressemblant étrangement à celui du Castor et de Sartre : union libre, transparence, l’œuvre avant tout. Mais quelle œuvre, et quelle liberté? Une espèce de huis clos sur ces intellectuels désengagés de tout, entre l’université et le Café de Flo, ils croient faire avancer le monde par leur façon de le voir et surtout de le critiquer…

Pour me pousser à respecter mes échéanciers et pour me botter les fesses, si nécessaire, et aussi parce que nous faisons ainsi un échange de services, j’ai demandé à l’écrivaine Gisèle Villeneuve de Calgary d’être ma conseillère dramaturgique. Nous siégeons toutes les deux sur le conseil d’administration du RAFA et nous avons ainsi découvert des affinités, personnelles et professionnelles.

Gisèle a publié un roman en 2005, Visiting Elizabeth, que j’ai dévoré à grosses bouchées. Écrit en anglais mais truffé de français, son roman nous fait entendre la voix d’Ariane Claude, montréalaise de 19 ans qui découvre sa vocation grâce à sa rencontre d’une photographe anglophone, Elizabeth. Avec comme toile de fond le gros party qui a commencé avec Expo 67 et s’est poursuivi jusqu’à la fin des années 60, Ariane s’ouvre au monde tout comme le Québec le faisait enfin à cette époque.

Quand j’ai lu Visiting Elizabeth, j’ai tout de suite entendu la voix d’Ariane, et j’ai vu tout le potentiel théâtral du roman. Gisèle avait depuis longtemps la même impression et nous avons décidé de travailler ensemble pour le transposer à la scène. Voilà pourquoi, une fois par mois, à partir de cette semaine, je prendrai la route vers le sud, pour aller… visiter Gisèle.

13.1.09

Des bleuets en janvier

Mercredi de janvier
14h28
New York Bagel Café


Journée perdue, journée mosaïque, journée d’éparpillement dans les lectures éparses et les téléphones et les paperasses administratives…. J’ai failli passer le cap de mon heure de départ habituelle et rebrousser le chemin pas même encore entamé. Mais je suis sortie quand même, pas loin, choisissant le New York Bagel Café pour sa proximité pratique par le froid imposé, me disant que l’endroit, toujours déserté en semaine, saurait m’accueillir et m’inspirer. Et bien, c’est bondé, voilà ce que c’est, et par des gens que je connais, une collègue d’un cercle d’écriture en tête à tête avec un ami, et des metteurs en scène renommés, déjà rencontrés dans des contextes théâtreux, et leurs voix portent et leurs rires résonnent dans le Café.

Heureusement, Grabriella, toujours souriante, devine ma commande d’espresso et je prends place pour travailler, dans le brouhaha des dames qui dînent et des artistes qui réunionnent. Georges Brassens chante dans les haut-parleurs, le ciel est gris, je me prépare en lecture et en étirements à l’atelier du week-end, Thérèse Bertherat me donne envie de danser et de bouger, mais la neige et le froid et la sensation d’enfermement me tenaillent. Alors je babille et je gesticule, je suis en ébullition de mots et d’idées et de nerfs à vif, pourtant je dors bien et je n’ai pas de raison de me perdre dans une vague de stress.

Mais les jours passent vite et j’ai presque 36 ans, les bureaucraties et les papiers des choses à remplir et imaginez si j’avais de l’argent et des investissements à faire et à gérer, parfois je me sens comme une adolescente dans un monde de chiffres trop lourd et trop compliqué, même si j’ai jadis été bonne en mathématiques. Je ne sais plus compter, je n’ai plus envie de compter alors je préfère rester adolescente pour ne pas accumuler les chiffres et les possessions bancaires et bancales.

Les directors parlent encore, l’un d’eux vient me dire salut après avoir été payer l’addition à Gabriella. On se donne des nouvelles, on se souhaite l’année bonne, on jase d’une amie en commun, il me dit que je ne vieillis pas, je trouve ça drôle, surtout quand moi je me sens vieillir à vue d’œil, à sensation interne. Les théâtreux parfois m’intimident, quoi dire, dans le small talk du monde entier, le maudit small small talk talk des gens qui se connaissent, mais pas vraiment au fond, qui se connaissent de loin, alors qui ne savent pas quoi se dire…. Alors on rit et je suis contente de ça, parce que ça, je sais faire, dire des niaiseries et rire et parfois même faire rire, quand je peux.


J’aime habituellement m’isoler dans le bruit des machines à espresso et des babillages des gens, je n’entends plus rien, et je me concentre, j’entre dans mon écriture. Mais autour de moi, beaucoup trop de conversations menées par des voix que je connais, de gens que je connais un peu, et je ne peux plus entrer en moi, alors je blablabla dans ce journal pour faire comme si je travaillais, je ne peux pas lire non plus, alors je souhaiterais qu’ils finissent leur repas ou leur café et se lèvent et partent, puisque moi, je pourrais toujours partir, mais à quoi bon, je viens de boire mon espresso, si je pars, je ne vais pas aller m’installer dans un autre pour doubler la dose de caféine et grimper dans les rideaux, c’est Ella Fitsgerald qui chante maintenant, fort fort, tellement fort, et toutes les autres voix...

AHAHHHH, j’ai mon iPod! Alors je le mets sur mes oreilles et je sais que je vais me rendre sourde ou épuisée à la fin de cet après-midi de travail… de fou, de folie, d’émotions à fleur de peau.

Car je savais que je n’allais pas beaucoup écrire, je le sentais en partant, mais je me disais, je vais lire, j’ai même apporté DEUX livres, le Castor de guerre et Le corps a ses raisons de Bertherat, mais je ne pourrais pas lire dans cette cacophonie.



15h44
Tout le monde est parti sauf Gabriella, bien sûr, et un jeune homme très grand qui sent la marijuana à plein nez.

J’ai enlevé mon iPod de mes oreilles et je me lance. Faut bien travailler un peu et cesser de perdre mon temps dans ce journal.


Ah. Le silence est revenu. Il neige à gros flocons.





ndlr: le titre? rien à voir avec rien.