14.3.07

Touche-à-tout pendant 7 ans… and then what?

À chaque semaine, je choisis pour mon blog un sujet assez précis à traiter, j’y trouve un angle personnel et j’écris. Je me base sur ce que je vis, au jour le jour, mais aussi sur ce qui me touche dans l’actualité. Cette semaine, je vous avertis tout de suite, je n’ai rien à raconter. Mais, depuis quelques jours, je reçois plusieurs messages de mes amis et de ma famille qui me souhaitent un joyeux anniversaire et me demandent « comment vont les projets? ».

Pour la plupart de mes proches qui vivent dans l’est du pays ou encore plus à l’est, c’est-à-dire en Europe, Edmonton est presque aussi exotique qu’une ville du Far West dans les films de John Wayne. Mais en plus moderne tout de même. Quant à imaginer ma vie en tant qu’artiste dans cette province anglophone qui tourne à cent milles à l’heure à cause du pognon qu’elle fait à extraire le pétrole de ses sables bitumineux, et bien, c’est un tour de force, je le consens.

Alors voilà, en quelques paragraphes, un portrait de ma vie d’artiste à Edmonton.


« I am a Free… lancer… »

Premièrement, pour ceux qui ne sont pas habitués au concept, je suis ce qu’on appelle une pigiste. Je travaille à contrat. Très rarement de 9 à 5. Parfois la fin de semaine, parfois le soir, parfois le jour. Parfois pas du tout pendant des jours. Pas de bureau, pas d’employeur fixe. Je travaille à partir de chez moi, je trimballe mon ordinateur portable partout, c’est mon bureau-baluchon. Je sais que ça inquiète beaucoup de gens, mais non, je ne peux jamais avoir de chômage et je n’ai aucun bénéfice ou avantage social. Mes lunettes, je les paie moi-même, mes nettoyages de dents aussi. La pension de retraite, connais pas. Moi, ma retraite, je la consomme à temps partiel depuis que je suis travailleuse autonome et je travaillerai jusqu’à la fin de mes jours, mais ça me rassure, car pour moi, le travail, ce n’est pas qu’un gagne-pain, c’est un mode de vie, c’est une vocation, c’est aussi nécessaire que de respirer, dormir, boire ou manger.

Pour le moment, j’ai des contrats qui s’échelonnent jusqu’à Noël prochain, mais après, je ne sais pas ce qui m’attend. Par contre, j’ai ma carrière en main, c’est moi qui crée mes projets et puis on m’offre constamment de belles opportunités que je n’avais pas vu venir et je les accepte si elles sont intéressantes. Travailler en « freelance », voilà ma définition préférée de la liberté.


La direction artistique de spectacles de musique

Présentement, je travaille comme directrice artistique pour un tremplin musical qui s’appelle le Gala albertain de la chanson. On sélectionne des auteurs-compositeurs et des interprètes à qui on donne des formations musicales et vocales, du coaching en écriture de texte et en interprétation. On monte ensuite un show avec six candidats qui doivent faire trois chansons chacun et puis on choisit deux gagnants qui se rendront à un autre gala du même genre pour les provinces de l’Ouest, et les gagnants de celui-ci se rendent ensuite au Festival de la chanson de Granby. Mes tâches consistent à former ces artistes en collaboration avec le directeur musical et, surtout, à gérer la mise en scène du show; créer un concept artistique, décider l’ordre dans lequel les chansons seront présentées, guider les techniciens pour l’éclairage, le décor, les transitions, en plus d’écrire les textes et diriger les animateurs de la soirée. C’est la troisième fois que je monte ce show et c’est toujours une très belle expérience. Cette année, comme les groupes ont maintenant le droit de s’inscrire au Gala, j’ai engagé ma gang d’humoristes, le RiRe, pour animer le show et une bande de bons copains, le groupe Allez Ouest, pour faire la partie musicale qui anime la foule pendant la délibération des jurys. C’est ce qu’il y a de bien avec les petits milieux artistiques, on est tous de bons potes et on s’invite à travailler ensemble dès que possible.


Du théâtre avec les ados

Deuxième gros projet : j’ai été approchée par l’Association des juristes de l’Alberta pour monter un projet de théâtre avec des ados francophones. Il s’agit de monter, avec des élèves de 16 à 18 ans, une pièce à propos de l’intimidation chez les jeunes en plus de leur apprendre comment fonctionne la nouvelle loi sur le système de justice pénale pour adolescent. Avec la troupe, nous tournerons ensuite dans les écoles primaires de la province pour présenter la pièce. Nous commençons les répétitions en septembre prochain. Avec les épisodes de violence de plus en plus fréquents chez les jeunes, autant dans les écoles que dans la rue, je suis vraiment heureuse de pouvoir utiliser le théâtre comme outil préventif. En plus, les jeunes avec qui je vais travailler sont super motivés et talentueux, ils veulent changer le monde à leur manière et choisissent les arts pour passer à l’action.


Les petits à-côté

Il y a les gros projets et il y a les petits à-côté. Presque tous les mois, je joue la « fausse patiente » pour les étudiants en médecine de l’université. J’apprends mon rôle, j’ai des symptômes et des inquiétudes, ils doivent me questionner et faire un diagnostic, parfois un examen physique. Dans ces moments, je sers de poupée vivante; on prend ma tension, on teste mes réflexes, on palpe ma glande thyroïde, etc.

Je fais aussi beaucoup de contrats de photo. Principalement pour des spectacles de musique ou de théâtre. Je savais bien que ce ne serait jamais perdu, tout cet argent dépensé pour mon premier appareil Nikon à 17 ans, ni pour ces deux années d’études en cinéma à travailler la pellicule et l’image!




Le mall : la fin d’un documentaire

Parlant de cinéma… Plusieurs me le demandent encore : mon documentaire sur les centres d’achats? Et bien, il est terminé, eh oui. Finalement. Il y a quelques mois, les producteurs avaient encore des trucs à régler pour les assurances, mais c’est au niveau de la diffusion télé que ça semble être gelé. Comme le projet a traîné en longueur pour toutes sortes de raisons, les diffuseurs de Rad-Can à l’autre bout de la chaîne de collaborateurs ont eu le temps de voir passer dans leurs bureaux 3 ou 4 différents fonctionnaires, la productrice de l’ONF qui avait poussé le projet a eu le temps de retourner au privé, si bien que personne ne semble être d’accord à propos de l’arrangement qui avait été pris en premier lieu (je vous rappelle que j’ai commencé ce projet en janvier 2004…). Alors, entre Montréal qui n’en a rien à foutre des francos de l’Ouest, Toronto qui est Toronto et Winnipeg qui essaie bien fort, personne ne s’entend et moi je poirote à Edmonton. Alors voilà où s’en est. Une expérience aigre-douce, pour être bien honnête…


Après le grand tour… une remise en question

« A bittersweet experience » qui a surtout bouffé beaucoup de mon énergie et a dispersé mon « focus » créatif pendant trois ans. Je m’en suis aperçue cette année quand il est devenu clair qu’on m’avait un peu oubliée dans le milieu théâtral d’ici, surtout comme comédienne. À travers le montage interminable du documentaire, j’ai surtout fait de la direction artistique et j’ai passé beaucoup de temps à écrire et à pousser quelques projets de création littéraire collectifs qui n’ont finalement jamais débouché. J’ai donc été un peu isolée des autres artistes de la scène et maintenant je vis une certaine remise en question.

Comme si je venais de faire le tour… C’est en janvier 2000 que j’ai officiellement commencé à gagner ma vie comme artiste. Sept années où j’ai touché à tout, vraiment, à tout. J’ai joué dans des pièces pour enfants, j’ai joué dans des pièces pour adultes, des dramatiques et des comédies musicales, j’ai joué et écrit des shows humoristiques, j’ai fait des mises en scène au théâtre et des directions artistiques de shows de musique et de danse, j’ai écrit des monologues et deux pièces pour le théâtre, j’ai enseigné le théâtre aux ados, j’ai écrit et interprété des chroniques pour la radio et publié dans des périodiques, j’ai chanté sur scène avec des groupes et comme choriste, j’ai fait des voix en studio pour des pubs, des jeux vidéos et des programmes scolaires, j’ai fait de la photo, j’ai tenu une chronique cinéma hebdomadaire à Rad-Can, j’ai scénarisé et réalisé un documentaire et j’ai commencé un blog.

À part le roman que j’ai toujours voulu écrire (pour le moment, je me contente d’écrire des nouvelles qui seront éventuellement publiées, je l’espère), j’ai touché à tout ce que je voulais toucher.


And then what?

L’envers de la médaille des milieux artistiques qui sont petits et non saturés… c’est qu’on vous offre constamment du travail, si bien que vous n’avez jamais à vous demander : mais qu’est-ce que je veux vraiment faire, moi, maintenant?

Voilà où j’en suis. En faisant le grand tour comme ça de toutes les disciplines artistiques qui m’intéressaient, j’espérais secrètement que l’une d’entre elles allait se démarquer des autres et m’annoncer qu’elle seule était ma véritable voie. Mais non. J’ai tout aimé et j’aime encore toucher à tout ce que j’ai énuméré ci-haut.


Alors voilà, je n’ai maintenant plus le choix, je dois écrire un show de théâtre-musique-danse dans lequel je jouerai, chanterai, danserai et dirigerai avec mes amis comédiens-chanteurs-danseurs, avec en arrière-plan des projections photo et vidéo que j’aurai faites moi-même… je tiendrai un journal de bord de ce projet sur mon blog et dans le journal franco d’ici et à la radio de Rad-Can… en plus de publier ensuite un roman sur toute cette expérience.


HA! HA! HA! HAH! Ah ah ah! … Ah ah… ah. Non, mais sans blague.

Pourquoi pas?


À suivre…

2 commentaires:

Anonyme a dit...

" j’ai ma carrière en main, c’est moi qui crée mes projets " . Jolie définition d'une nouvelle façon de travailler que nous sommes de plus e plus à rejoindre ! BRAVO.

Anonyme a dit...

C'est toujours aussi agréable de te lire! J'attends avec impatience la publication de tes nouvelles et de ce futur roman. Je serai certainement de tes premières lectrices. Iza