6.9.06

La vie des gens riches... et libres

Depuis hier matin, je suis riche.

Je vous le dis. Riche parce que je n’ai plus de dettes. Oui, oui, croyez-moi, aucune dette. Je viens de faire le dernier paiement sur mon prêt étudiant. Fini! Bon, je sais, j’ai pris mon temps, dix ans pour être précise, j’aurais probablement pu le rembourser en quelques années, comme tout le monde. Mais j’ai choisi de voyager parce que c’était le seul investissement répondant à mes valeurs et à mes rêves. Grâce à ce remboursement au compte-gouttes, j’ai fait 8 séjours de plusieurs mois chacun, en Europe et en Amérique latine.

Faut dire aussi que je suis une artiste qui travaille à la pige. Selon les standards albertains, je vis sous le seuil de la pauvreté, que dis-je, je gis sous le paillasson de la porte de la normalité en matière de revenus. Mais, au moins, je ne croule pas sous les dettes (pas de maison, pas de voiture, pas de télé 52 pouces, pas de barbecue). Ce qui fait de moi… une personne riche. Non?

Bon, je n’ai pas des surplus de plusieurs milliards dans mes coffres comme une certaine province que l’on ne nommera pas. Mais je ne suis pas dans le trou.

Pourtant, ce n’est vraiment pas la mode. En plus des centaines d’offres « achetez maintenant, payez dans 5 ans » pour des divans en cuir, des jacuzzi ou des VUS, la nouvelle tendance est l’achat de maisons à des prix exorbitants. C’est la folie furieuse. Partout en Alberta, avec l’arrivée massive des chercheurs de big bucks, tout le monde se garoche! Les gens se sentent coincés et obligés d’acheter NOW NOW NOW avant que ça monte encore, les offres d’achats sont faites dans le stress et le chaos, les paniqués achètent leur cabane à l’encan, ils paient des fortunes pour des maisons minuscules perdues dans les trous de la banlieue ou ils aboutissent dans des condos fades avec vue sur le balcon du voisin. Ils emménagent sans même ressentir la joie de se savoir nouveaux propriétaires et pour se rassurer d’avoir fait la bonne chose ils passent leur temps à vérifier la nouvelle valeur foncière de leur investissement, je vous le dis, on ne parle plus que de ça dans les partys et ceux qui ont acheté il y a quelques années se tapent dans le dos, mais se demandent quand même s’ils ne devraient pas vendre au cas où il y aurait un crash ou quelques cennes à faire, BREF, tout le monde est stressé et ne jase que d’argent et d’investissement et ça me donne MAL AU VENTRE! MERDE!

Oui! Je l’avoue, je dois le partager, à cause de la situation économique de ma terre d’adoption (et mon âge peut-être aussi), je ressens quelque stress en pensant à mon compte de banque depuis quelque temps. Tout me fait miroiter mon avenir de pauvre. Quand on voit que l’écrivain moyen (qui réussit pourtant à publier 10 000 exemplaires de son livre) ne peut vivre que trois mois avec les revenus directs de la publication… quand on sait pertinemment que le milieu du théâtre est le plus mal payé des milieux de la scène… et quand on ne peut nier que le marché artistique francophone canadien est infiniment petit et que même au Québec tous les artistes en arrachent… quand on est comme moi une artiste francophone en Alberta… peut-on vraiment avoir l’espoir de faire un jour assez de sous pour se payer un toit à soi?


Si je voulais être à la mode et faire comme le tout le monde, j'aurais deux choix : attendre que mon chum fasse assez d'argent pour nous bâtir une maison de paille ou trouver une job à temps plein dans une commission scolaire ou à Radio-Canada.

C’est drôle, mais ça ne me tente pas. Pour le moment, je pense que je vais devoir me contenter d’être riche, à ma manière. Libre.

2 commentaires:

thibault a dit...

oué j'avoue c cool d'etre libre le probleme c que beaucoup croient l'etre mais ne le sont pas comme toi par exemple lol

Anonyme a dit...

woin, moi aussi, j»,aimerais bien être à l'aise financièrement et dernièrement je crois avoir trouver une solution à ça, je vous invite donc à aller visiter le site suivant www.voicilasolution.com