31.12.06

Mon top 10 de 2006

L’année 2006 tire à sa fin. C’est le temps des bilans, des revues, des retours, des byes byes et des top 10. À mon tour de regarder derrière pour faire le portrait de mon 2006 à moi.

Arrêt sur image. Si je pense à l’année 2006 comme un tout, comme une seule image, je me vois parmi des gens, en groupe, et nous célébrons. Nous célébrons l’amour, les unions, la famille, l’amitié, les voyages, nous célébrons l’été et le beau temps, nous célébrons l’art et la créativité. Nous célébrons la vie. Les partys et les 5 à 7 avec les amis, les soupers avec la famille, les brunchs après les répétitions de théâtre, les discussions autour d’un café… On me dit souvent que j’ai un effet « rassembleur ». J’aime m’entourer de gens, j’ai besoin de faire partie d’un noyau humain, je suis une fille de gang, que voulez-vous, et cette année, je n’ai définitivement pas été seule.


L’année commence en force avec un acte de folie spontanée qui me fait vivre les plus belles et grandes émotions de l’année. Le 13 février, la veille de la Saint-Valentin, Seb et moi décidons de nous marier. Pourquoi pas? Le 25 février, dans notre salon, pieds nus sur le plancher de bois franc, souriants dans nos vêtements de lin, devant notre petite famille albertaine, nous faisons le grand saut. Nous nous engageons l’un envers l’autre. Une soirée magique que personne n’est près d’oublier!



Depuis, les papiers d’immigration ont été remplis et envoyés et la ruée vers l’or noir qui ralentit la bureaucratie gouvernementale nous fait attendre et attendre. Mais en décembre, nous avons reçu une réponse prometteuse : ma demande de parrainage a été acceptée (i.e., je suis responsable Seb : s’il ne réussit pas à gagner sa vie, c’est moi qui dois subvenir à ses besoins… Heureusement, c’est le plein emploi en Alberta!). La réponse pour la résidence permanente devrait suivre d’ici quelques semaines. Nous avons confiance.


Pour poursuivre la lancée de rassemblements sociaux, nous avons pris l’avion et nous sommes allés rencontrer nos nouvelles familles au Québec et en France. Seb fait maintenant partie des Thibeault-Morel, moi j’ai été accueillie dans le clan Guillier-Sahuqué et chez les Gianoglio. Les parents, les frères, les belles-sœurs, les amis, les cousins et les cousines, les oncles, les tantes… Encore autant de célébrations que de nouveaux liens de bord en bord de l’Atlantique.


Edmonton nous a ensuite gâtés avec un été superbe, un vrai, pour une fois, et les célébrations se sont poursuivies; les barbecues dans le ravin, les apéros au Savoy (notre bar fétiche), les vendredis à la P’tite scène, les soirées pour le départ de Lisette et les partys avec la gang de théâtre. Pour clôturer le tout, le Rire et Noël.

Je dois avouer que, pour la veille du Jour de l’an, j’ai plutôt envie de retrouver un peu d'intimité. De toutes façons, je traîne une mauvaise grippe depuis une semaine et je veux la guérir au plus vite. Alors ce soir, nous allons passer une soirée à la maison, à regarder le Bye Bye de RBO en mangeant des sushis.


Ah! J’avais promis un top 10, mes plus beaux moments de l’année 2006… Hum, pas facile de s’en tenir à 10. Une si belle année. Mais je vais essayer.


1. vivre avec Seb
2. Le projet Andersen de Robert Lepage à Lyon
3. la mise en scène de la pièce Le voyage du Couronnement



4. le séjour à Barcelone, une ville extraordinaire




5. le spectacle d’Ariane Moffatt au Festival Alors chante de Montauban
6. le Lac du trou avec Seb, mes frères, Mylène et les enfants



7. la mer en Bretagne



8. la 12ème édition du RiRe
9. le roman Lignes de faille de Nancy Huston
10. un nouveau petit café à deux rues de chez nous : le Wild Earth



Je suis certaine que j’oublie un paquet d’autres moments succulents… mais bon, on ne peut pas tout inclure.


Sur ce, je vous souhaite à tous une très bonne année 2007. Lancez dans l’univers tout ce que vous désirez… et vous le recevrez!

14.12.06

Le RiRe: du travail... pour nos 12 travaux

Le RiRe...

Toujours une expérience enivrante et exténuante, mais ô combien délirante! Pour les non-initiés, le RiRe, c'est une espèce de Bye Bye albertain, une revue de l'année en sketches et en chansons. Une création collective où nous écrivons, jouons, chantons et mettons en scène nos visions de 2006.

Nous ne faisons qu'une représentation en salle et le show est capté par la radio de Radio-Canada qui le diffuse le 31 décembre, pour le Nouvel an. Normalement, nous avons la case 23h-minuit et finissons le show avec un décompte pour accueillir la nouvelle année. Mais cette année, on a été bumpé par R.B.O.! Et oui, on va passer de 22h à 23h...

Bah, on s'en fout un peu puisque le vrai trip, c'est le show live. Nous répétons tous les soirs et les fins de semaine depuis plus de deux semaines. Là, on est au stade où on ne se trouve plus vraiment drôle, mais c'est comme ça à chaque année et en bout de ligne, les spectateurs rient aux larmes le temps venu.

Je ne veux pas parler beaucoup plus du show pour le moment, surtout pour ne pas dévoiler des surprises aux gens d'Edmonton qui viennent nous voir samedi (en passant, ceux qui n'ont pas encore leurs billets doivent faire vite... la pré-vente va très très bien). Pour l'instant, c'est encore la course aux costumes et accessoires, la folie des entrevues radio et télé, on travaille l'éclairage cet après-midi, ce soir un enchaînement technique et demain la générale.


Oh... la thématique principale du RiRe cette année? LE BOUM!!!


LES 12 TRAVAUX DU RIRE
le samedi 16 décembre à 20h au théâtre de la Cité
billets en vente à l'ACFA régionale d'Edmonton
780.469.4401
15$ pré-vente et membres de l'ACFA
18$ étudiants
20$ à la porte

mettant en vedette STEVE JODOIN, VINCENT FORCIER, PATRICK HENRI, EVE MARIE FORCIER ET JOSÉE THIBEAULT
et les musiciens ROBERT WALSH ET JASON KODIE




Bon RiRe!

6.12.06

Le couronnement d'un beau voyage...

La dernière de la pièce Le voyage du Couronnement a eu lieu dimanche. Une dernière performance assez réussie compte tenu des excès festifs de la veille! Nous sommes tous super contents de la "run" du show, nous avons eu de très bons commentaires, les gens ont beaucoup apprécié et nous nous sommes amusés comme des p'tits fous. Voilà tous les ingrédients pour faire un beau voyage.

Nous avons capturé bien des instants pixelisés, photos et vidéos. Seb a passé des heures à monter ça et mettre ça sur nos blogs (merci, mon amour!). La qualité visuelle et sonore n'est pas top avec la compression, mais ça donne une idée pour ceux qui ont manqué le show et ça fait de beaux souvenirs pour les autres. Amusez-vous!



Montage photo
(sur le deuxième mouvement du concerto no. 1 pour piano de Chopin... la musique de Hyacinthe et Marguerite)




La scène 11: la répétition du couronnement dirigée par Mademoiselle Lavallée



La scène 6 : un poker?

(à venir)


La scène 3: les Gendron sur le pont



Le diplomate lance sa bombe...



Et pour voir les photos des partys de la gang (de malades) sur le blog de Seb:
  • Seb


  • Si vous voulez voir toutes les videos:

  • Toutes les videos de la piece ...



  • BON VOYAGE!

    1.12.06

    La fin de la P’tite scène

    Vous l’aurez lu ici avant même que les communiqués de presse ne soient envoyés, avant même que les membres n’aient reçu le courriel officiel expliquant la décision du comité : la P’tite scène se retire. Nous préférons dire qu’il s’agit d’une pause indéfinie, mais honnêtement, nous n’en savons rien.

    C’est dommage parce que ça aurait fait 5 ans en janvier que nous l’avons fondée, cette P’tite scène. Le projet avait démarré avec Érick Sirois, alors animateur culturel de l’ACFA régionale d’Edmonton, qui avait le mandat de mettre un peu de vie dans la Cité francophone. Mais le besoin le plus profond qui a motivé la fondation du projet était celui de notre groupe d’amis, artistes trop souvent inactifs, comédiens, musiciens, humoristes et chanteurs. Nous voulions monter sur la scène plus souvent, nous en avions marre d’attendre des contrats de la part de l’UniThéâtre ou du Gala de la chanson (les choses n’ont pas tellement changé depuis!). Et puis, comme la belle époque des bistros de la Faculté Saint-Jean était bel et bien révolue, il y avait dans la communauté un réel besoin d’un endroit pour se rencontrer, pour prendre un verre et fraterniser en français. Dans le salon de la Centrale, nous avons jasé de ça, Érick, Guillaume Bois et moi, nous nous sommes entendus sur un concept de 5 à 7, avec chansons et monologues humoristiques, j’ai lancé le nom de la P’tite scène, Érick a fait un logo et des posters, nous avons emprunté l’équipement technique de l’Uni, et le ??? janvier 2001, la P’tite scène voyait le jour.

    Petit à petit, les 5 à 7 du vendredi soir sont devenus un must, les gens venaient pour nous voir faire les fous sur scène et pour prendre une bière. Au fil des ans, nous avons changé de local, les gars ont vu grand pendant que moi je faisais le tour de l’Europe pendant des mois, ils ont voulu en faire un bar et lentement la vocation artistique de la P’tite scène est devenue plus musicale. Guillaume a investi de sa poche pour acheter des tables et des chaises, on a trouvé de meilleurs haut-parleurs, on a créé un système de cartes de membre, Christian Tremblay s’est joint à la bande (en plus de Guy Cormier et Carl Lalancette, mais ceux-ci se sont retirés assez vite).

    Éventuellement, Érick est retourné au Québec, moi je suis revenue d’Europe, et Nicole Pageau de la régionale m’a demandé de reprendre la barre de l’activité en m’en tenant au vendredi soir. Nous sommes revenus au concept du 5 à 7, nous avons été obligés de retourner dans le bistro, faute de local, Guillaume est reparti lui aussi au Québec. De nombreux bénévoles sont passés et venus, merci à tous, Laulie, Lisa, Gwen, Jimmy, Suzie, Renée…


    Depuis deux ans, les petits vendredis soirs de la P’tite scène allaient bon train, du genre « petit train va loin ». Surtout depuis janvier dernier, à partir de ce moment où nous avons eu le contrôle complet de notre activité puisque le bistro Gaétan restait fermé le vendredi soir, nous avons vraiment réussi à recréer l’engouement des débuts, grâce au travail de Christian, Pat Henri, Mélissa Loiselle et Seb. L’ambiance était bonne, même si nous n’avions plus souvent d’artistes sur la scène, mais les soirées thématiques marchaient bien, et surtout, les gens aimaient se retrouver là, tous les vendredis. C’était simple, c’était chaleureux, la bière était bon marché, on avait du fun.

    Jusqu’à septembre, quand le bistro a été vendu à deux entrepreneurs aux grandes ambitions capitalistes. Nous avons essayé de faire un arrangement convenable avec eux pour ne pas perdre l’essence fondamentale de la P’tite scène, mais nous n’avions plus le contrôle sur le bar et les prix de vente, nous étions constamment poussés à modifier notre direction artistique pour « vendre plus », pour que « le monde boive plus », pour que « les gens dansent et dépensent », nos prix de membres n’étaient plus respectés, ce que nous avions bâti lentement non plus… Finalement, ce que nous avions craint s’est réalisé : la « business » l’a emporté sur le développement communautaire et artistique.


    La P’tite scène, depuis ses tous débuts, avait toujours été une entreprise menée de front par des passionnés, des bénévoles, jamais dans le but de « faire de l’argent ». Nous cherchions seulement à rentrer dans nos coûts et à pouvoir payer des cachets pour les artistes qui venaient faire des performances.

    La vision et les objectifs des nouveaux gérants du Café des artistes ont trahi nos mandats, nos valeurs, et nous avons préféré nous retirer.


    Cela dit, la P’tite scène n’est pas morte à jamais. Nous conservons son nom, son concept, son logo, ses membres; nous mettons simplement ses activités sur la glace. Nous prenons une pause bien méritée, nous prenons un temps de réflexion pour analyser les besoins de la communauté et ceux des artistes.


    Ça me fait tout drôle. Il est presque 15h, vendredi après-midi, et je n’ai pas à me diriger vers la Cité pour installer la soirée. Ça me fait drôle, mais tout de même, ça m’attriste. Nous avions créé quelque chose de bien. Et l’argent a tout détruit.

    22.11.06

    Le high de tuer

    Samedi soir, nous sommes revenus à pied du party de chez Mitch Fournier. Renée, Seb et moi, un peu buzzés par cette merveilleuse soirée, nous avons pensé que la marche nous ferait du bien et nous aiderait à dormir. Il était 1 heure du matin, quelque chose comme ça, et une fois le ravin traversé, nous avons été surpris de voir et d’entendre au-dessus de nos têtes un hélicoptère. Un hélicoptère qui volait bas et parcourait le sol de son faisceau lumineux. On se serait cru à Los Angeles, surveillés par des hélicos de la police. Nous avons justement discuté de la plus récente statistique : Edmonton remporte la première place au niveau de la criminalité au Canada. Principalement à cause des gangs de rue, dit-on. Rarement de « random acts of violence ». Rarement, ouais.

    Je vis ici depuis plus de 12 ans. Jamais je n’ai eu peur en sortant d’un bar le soir, jamais je n’ai eu peur en marchant seule la nuit dans les rues. Je me suis toujours sentie en sécurité dans ma ville d’adoption.

    Et bien, cet hélicoptère qui nous survolait dans la nuit de samedi à dimanche présageait un week-end sanglant. Sept incidents d’agressions au couteau, dont deux ont fait des victimes, ont pris place à Edmonton en fin de semaine. Toutes étaient sans motif réel de la part des agresseurs.

    L’une des victimes est un jeune homme de 17 ans, Evan Grykuliak (étudiant à l’école Ross Shepard où enseigne mon frère Éric). Samedi soir, il fêtait son anniversaire avec ses amis dans un centre communautaire loué pour cette occasion. Son père et plusieurs adultes supervisaient la soirée. Des jeunes ont essayé de ‘crasher’ la fête, assez tard, une fois que celle-ci était terminée. On leur a refusé l’entrée. Ils sont restés à l’extérieur, mais quand Evan est sorti pour aller reconduire une amie jusqu’à son taxi, il a été confronté aux jeunes trouble-fête qui finalement l’ont poignardé. À mort.

    Un autre cas dont l’issue fut également fatale, sur la Whyte Avenue cette fois, ma chère avenue adorée qui change terriblement de visage la nuit depuis quelques années. Un jeune homme de 20 ans, accompagné de sa copine enceinte et de leurs amis ont rencontré un autre groupe de jeunes, ils se sont engueulés, la pagaille a pris, et les couteaux sont sortis. C’est une fois à l’hôpital que le jeune homme est mort.

    Les autres agressions, toutes impliquant beaucoup d’alcool et des couteaux, ont fait des blessés. Mais chaque fois, les motifs étaient futiles. Ni pour de l’argent, ni pour voler, ni pour se venger. Pour se battre, uniquement.

    Les psychologues parlent du « high de tuer ». Les jeunes feraient ces actes afin de se donner un rush d’adrénaline.

    Dans mon jeune temps, sur la Whyte, les joueurs de football et les chauffeurs de pick-up buvaient comme des trous et finissaient par se bagarrer entre eux. Avec leurs poings. Maintenant, les jeunes sont pétés sur l'alcool ET les produits chimiques et quand ils sortent des bars aux petites heures du matin, ils ne sont plus mous et zigzagants, ils sont gonflés à bloc, tendus, électrifiés, les nerfs à vif, et ils cherchent peut-être un moyen de rester buzzé en se prenant pour un héros de jeu-vidéo ou peut-être qu'ils cherchent un moyen de redescendre, comme si tuer un être humain allait les reconnecter avec la réalité.


    Ça m’inquiète. Ça m’inquiète vraiment. Les jeunes ne vont pas bien. Quand ce ne sont pas les fusillades dans les écoles ou l’intimidation excessive qui poussent certains jeunes au suicide, ce sont les attaques aux couteaux en pleine rue, sur n’importe qui. À Edmonton, les crimes parmi les jeunes se sont multipliés depuis quelque temps. Il y a eu le meurtre à coup de batte de baseball dans un autobus de la ville. Il y a eu l’autre jeune tué dans un party de maison l’an passé par des « amis », des jeunes qu’ils connaissaient.

    Qu’est-ce qui se passe chez nos ados et nos jeunes adultes? Certains blâment les jeux vidéos dont les graphiques sont devenus si réalistes maintenant que les jeunes, voulant monter d’un cran leur dose d’adrénaline, passent à l’étape logique : tuer pour de vrai. D’autres pointent du doigt le manque d’encadrement des parents qui travaillent trop et laissent leurs enfants à eux-mêmes. Le manque de valeurs humaines, l’individualisme, le désespoir face à un monde où rien ne leur est légué sauf une planète à bout de souffle. J’imagine qu’il y a un peu de tout ça.

    L’adolescence et l’étape de l’école secondaire ont toujours été un moment difficile à passer. Mais on dirait que maintenant, c’est pire qu’une jungle. Chacun doit devenir le prédateur de l’autre, chacun doit jouer au plus fort, écraser l’autre pour se donner un droit d’exister.

    La souffrance des ados est immense. Je regardais Oprah il y a deux semaines. Elle présentait une initiative prise par une Américaine et son mari et qui parcourent maintenant les high schools. L’activité s’appelle le Challenge Day et met en scène les jeunes de l’école, généralement les plus âgés, entre 15 et 18 ans. Réunis dans le gymnase, les jeunes sont appelés à parler d’eux, de leur vie personnelle, en petits groupes. « Si vous me connaissiez vraiment, vous sauriez que… » Les révélations coulent, une à une. « Vous sauriez que ma mère est en phase terminale. » « Vous sauriez que j’ai été violée par mon voisin quand j’avais 8 ans. » « Vous sauriez que je dois travailler 30 heures par semaine pour aider ma famille à se nourrir ». « Vous sauriez que je suis une bonne personne, même si je suis gros ».

    Ensuite, l’animatrice de l’activité invite tous ceux qui vivent une discrimination quelconque (la race, l’apparence physique, la classe sociale, la religion, l’orientation sexuelle, etc) à traverser une ligne imaginaire sous les yeux de leurs compagnons. « Traversez la ligne... tous ceux qui se sentent ignorés, rejetés, méprisés par d’autres étudiants de cette école », traversez la ligne, tous ceux qui ont déjà été humiliés, rejetés, à cause de leurs races », « traversez la ligne, tous ceux qui ont déjà été pointés du doigt à cause de leurs religions », « je demande à toutes les filles qui ont déjà été appelées bitch, pute, whore, etc, toutes celles qui se sont fait siffler, pincer les fesses, abusées sexuellement ou verbalement, de traverser la ligne »… Et les jeunes regardent leurs camarades, leurs meilleurs amis tout autant que ceux qu’ils ignorent avec soin quotidiennement, avouer leurs souffrances. De partout fusent des mains levées vers le ciel, l'index, le petit doigt et le pouce ouverts, pour leur dire « I love you ». Les élèves pleurent, les professeurs participant à l’atelier pleurent eux aussi. La psychologue de l’école, la première, prend le micro vers la fin de la journée, en larmes, pour s’excuser envers tous les élèves : « si jamais je vous ai ignorés, humiliés ou si je vous ai fait de la peine d’une quelconque façon, je vous demande pardon et je vous veux dire que vous êtes tous et chacun uniques et merveilleux ». Par ce geste, un miracle, un moment magique est déclenché : tour à tour, les jocks, les bullies, tous ces jeunes qui ont pu faire du mal aux autres font la file au micro pour demander pardon à leurs victimes. Celles-ci les rejoignent pour leur pardonner, leur donner une accolade qui souvent se termine de nouveau dans les larmes, avec toutes les mains des autres levées en signe d’I LOVE YOU.

    À la fin de la journée, plusieurs jeunes qui ne s’étaient jamais adressé la parole auparavant dialoguent et se sourient. Des ennemis ont maintenant entamé une réconciliation, peut-être même une amitié. Pour une journée au moins, les étiquettes sont tombées.


    Notre société en général aurait bien besoin d’un CHALLENGE DAY.

    20.11.06

    Place au théâtre… Place à la vie

    Quand je monte ou je joue dans une pièce de théâtre, on dirait que ma vie des dernières semaines précédant et incluant les représentations ne se résume qu’à ça. Je ne m’entraîne plus, je ne fais plus la vaisselle ni le ménage ni la lessive, tous mes petits plaisirs routiniers sont décalés, je n’écris plus, je ne fais plus de promenades méditatives, je garde toutes mes énergies pour les répétitions. La nuit, mes rêves sont remplis des personnages de la pièce, le récit se mêle à mes histoires personnelles, les comédiens viennent me visiter, mes paysages oniriques ressemblent au décor et aux éclairages, même la trame sonore me reste dans les oreilles. C’est vraiment ça, vivre le théâtre. La scène devient la vie.

    Dans trois jours, c’est la première de la pièce que nous montons pour l’UniThéâtre : Le voyage du Couronnement. Malgré quelques retards, surtout au niveau de l’habillage du décor, nous sommes presque prêts. Les comédiens commencent vraiment à s’amuser avec leur jeu, ils sont de plus en plus en confiance, avec eux mêmes, mais aussi entre eux. La bonne ambiance de travail et les rencontres de groupe facilitent tout ça. Comme le party de samedi soir dernier chez Mitch. Nous avons chanté du karaoke



    nous avons dansé sur les meilleurs hits des Eighties



    nous avons trinqué avec un petit verre de whisky Crown Royal (tout à fait approprié dans le contexte de la pièce!).



    Détendre les rouages du corps et les cordes sensibles des émotions qui sont constamment interpellées quand on rejoue la vie sur une scène… ça fait un bien immense.





    La répétition du lendemain s’en est trouvé enrichie de toutes sortes de belles nuances.





    14 comédiens, en plus de toute l’équipe technique : tout le monde travaille très fort. Et jeudi soir, à 20h, nous allons tous recevoir notre paie : l’énergie et les applaudissements du public.

    7.11.06

    « Emmenez-moi au bout de la terre »

    Emmenez-moi au bout de la terre
    Emmenez-moi au pays des merveilles
    Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil

    (Emmenez-moi, de Charles Aznavour)


    Mon amie Lisette quitte le pays dimanche prochain. Pour un an. Elle a pris une année sabbatique de Radio-Canada et elle part voyager. Sur quelques continents, dans une dizaine de pays. Thaïlande, Cambodge, Laos, Chine, Ouzbékistan, Iran, Turquie, Belgique, Venezuela, Pérou, etc…On l’envie tous, on la regarde préparer son départ avec la tristesse de ne plus la voir pendant un an, mais avec la joie de savoir qu’elle réalise le rêve de sa vie. Peu d’entre nous peuvent dire qu’ils ont réussi ça. Comme elle part avec le strict nécessaire et que même le strict nécessaire est déjà compact dans son sac à dos, on se demande ce qu’on peut lui offrir comme petit cadeau de départ. Nouvellement nantie d’un iPod, je lui ai fait une sélection de musique que, personnellement, j’aime beaucoup, et qui lui plaira sûrement aussi. Parmi ses chansons, certaines sont pour moi de véritables inspirations aux voyages et à la vie. Voici quelques notes explicatives accompagnant mon choix musical du voyage de Lisette.


    MARCO POLO, de Loreena McKennitt

    Lisette est envoûtée d’une nouvelle passion de l’orient, elle part suivre la route de la soie. Le voyage de Loreena dans l’album The Book of Secrets est semblable au sien dans sa forme nomadique. Les sonorités arabes de ce morceau instrumental, les percussions et les flûtes nous donnent envie de danser le baladi dans un désert de sable. Envie d’avoir les yeux remplis de soleil et d’horizons interminables.



    J’ERRE, de Dumas

    La légèreté de cette chanson me donne envie de bouger, de me balader, sans fin. C’est le plaisir et la liberté de voyager, d’aller où l’on veut, quand on veut.

    Les refrains s’empilent dans ma tête
    C’est le bonheur quand j’erre
    En silence
    Tout est clair quand j’y pense


    INTO THE MYSTIC, de Van Morrison

    Même chose pour cette chanson, que j’affectionne particulièrement depuis l’adolescence. L’appel du large, pour savoir quand partir ou pourquoi revenir.



    AMSTERDAM et LE PLAT PAYS, de Jacques Brel

    Brel, pas seulement parce que Lisette est belge, mais parce que Brel… c’est Brel. Et moi, quand j’entends Brel, je me transporte automatiquement en Europe, où j’ai fait mes plus beaux voyages.

    AMSTERDAM parce que ça sent la pluie et le bord de mer sale, les rues en pavé qui reluisent et qui sentent l’histoire à plein nez, les ports de mer achalandés, les harengs fumés, les vieux vélos en rangées, les tournesols fanés, les superbes gares de train qui nous emmènent de ville en ville, de beauté en beauté, les trips de back packers dans les youth hostels et les joints de skunk fumés dans les coffee shops. Les voyages qui forment la jeunesse.

    LE PLAT PAYS, parce que même si les paysages belges et ceux de l’Alberta n’ont que le plat en commun… ils ont une certaine beauté qui nous unissent.


    Et bien sûr…

    LA QUÊTE, de Jacques Brel.

    Rêver un impossible rêve
    Porter le chagrin des départs
    Brûler d’une impossible fièvre
    Partir où personne ne part.
    Aimer jusqu’à la déchirure
    Aimer, même trop, même mal
    Tenter sans force et sans armure
    D’atteindre l’inaccessible étoile
    Telle est ma quête… suivre l’étoile


    Et finalement…

    BETTER BE HOME SOON, de Crowded House

    Dernièrement, à la P’tite scène, on a fait un spécial années 80 et j’ai remarqué que Lisette avait aimé, tout comme moi, quelques chansons de Crowded House à cette époque. You’d better be home soon, ça dit tout. On espère qu’on va la revoir.



    Bon voyage, ma belle Lisette.





    Pour suivre les aventures de Lisette:

    http://lisette.top-depart.com

    31.10.06

    Edmonton, Pologne, Afghanistan

    Article intéressant et éclairant sur les groupes pro-vie et Back Porch qui se sont installés devant la clinique Morgentaler d'Edmonton. Merci Monica.

    http://www.canada.com/nationalpost/news/story.html?id=2ea915f5-6fda-432a-bcbe-5a2779b10062&k=33205



    Pendant ce temps...

    Que se passe-t-il en Pologne ? La Ligue des Familles (parti d’extrême droite membre du gouvernement) a déposé une proposition de modification de la Constitution, pour que soit reconnue la « protection de la vie humaine dès sa conception ».
    Alors que l’avortement était libre pendant la période communiste, la loi actuelle ne l’autorise que dans trois cas : lorsque la vie ou la santé de la femme est menacée, en cas de malformation grave ou de maladie incurable du fœtus, et lorsque la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste. Néanmoins, de nombreuses femmes se trouvant dans l’un de ces cas
    se voient refuser le droit d’avorter dans les hôpitaux publics. Officiellement, il y a 150 avortements par an en Pologne, mais des centres indépendants estiment que le nombre d’avortements pratiqués illégalement dans des cliniques privées est de 80 000 à 200 000 par an.

    Après de longues luttes féministes, le droit d’avorter, droit fondamental pour la liberté des femmes, a été partiellement reconnu dans les pays occidentaux (sauf le Portugal, l’Irlande et Malte). Dans de nombreux pays (États-Unis) ou régions (mauvaise volonté de certains hôpitaux), le droit d’avorter légalement dans le public est mis en question ou saboté. Les victimes sont les femmes les plus pauvres et les moins bien informées.

    (source, Florence Montreynaud, Encore féministes)




    Et hier soir, l'excellente, la brillante, (la féministe?), Céline Galipeau nous offrait un reportage percutant sur ces femmes afghanes violentées et violées par leurs maris, qui en viennent à s'immoler par le feu pour trouver la mort. Celles qui n'en meurent pas se retrouvent dans des centres pour femmes brûlées où elles ne reçoivent aucun soin autre que des crèmes et des bandages. Quand elles sont suffisamment rétablies, mais défigurées et marquées à vie, elles retournent vers leurs bourreaux qui, on l'imagine, poursuivront un traitement abusif et animal. Quand le mari en question ne reprend pas son épouse, elle est alors retournée à sa famille et punie par son père ou ses frères pour le déshonneur qu'elle leur apporte.

    25.10.06

    La démone est de retour

    J'ai la preuve maintenant que mon blog n'est pas lu que par des amis.

    Jusqu'à présent, pour laisser un commentaire sur mon blog, il fallait posséder un compte blogger, ce qui compliquait un peu les choses mais faisait, d'une certaine façon, un tri naturel entre ceux qui voulait vraiment commenter ou simplement... faire suer.

    Hier, quelqu'un a laissé un message, anonyme, disant que j'étais mal informée, et ridicule. Mal informée, peut-être, je me fie à une amie, je n'ai pas fait de recherche sur le dossier, je dis mon opinion, c'est tout. Si j'avais voulu être journaliste, je le serais déjà, croyez-moi. Mais j'ai choisi de travailler dans les arts et de provoquer des discussions.

    Je trouve dommage que ceux qui sont piqués au vif n'aient jamais le courage de dévoiler leur identité.

    Ça me rappelle quand je tenais une chronique dans le journal Le Franco, il y a quelques années. Plusieurs lettres de réponses acidulées à mes billets d'humeur atterissaient sur le bureau du rédacteur, Éric Batalla... sans être signées. On m'appelait la démone, on me disait presque que j'allais brûler en enfer parce que je défendais le droit à l'homosexualité, au bien-être du corps, à l'athéisme, à la bouffe saine et à la journée internationale du clitoris!

    Si ça se trouve, ce commentaire anonyme provient du même genre de monde qui lisait avec fidélité mes chroniques... pour mieux me haïr. Pauvre pauvre petit monde malheureux.

    Si vous n'aimez pas ce que je dis dans mon blog, ne le lisez pas. C'est tout!


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    Maintenant, plusieurs choses ont retenu mon attention depuis la semaine dernière, j'en partage une avec vous ce matin.

    LE PLAN VERT

    Évidemment, le "Plan vert" du gouvernement Harper, récité par une Rona Ambrose toujours aussi catin que marionnette (Steven l'a mise là pour ça, faut croire, pour que les gens n'entendent pas les aberrances qu'elle dit, hypnotisés par ses cheveux trop bien collés au spray net et son visage de Barbie figée). Leur plan VERT: ne rien faire! Attendre en 2010 pour s'attaquer à la pollution, attendre en 2050 pour réduire les émissions de gaz à effets de serre! C'est facile à dire pour tous ces papy boomers qui siègent à l'assemblée: ils seront déjà morts quand leur plan devra entrer en action! Mais Rona... Rona! On doit avoir le même âge toi et moi! Tu ne tiens pas à la vie, Rona? Tu t'en fous? Des enfants, en as-tu? En veux-tu? Tu t'en fous des générations à venir?

    Je vous invite à aller visiter le site www.stopglobalwarming.org et à regarder l'excellent film An Inconvenient Truth de Al Gore. Ça va vous donner de l'insomnie, mais il ne faut pas se mettre la tête dans le sable. Notre gouvernement le fait déjà trop bien.

    18.10.06

    La vraie beauté?

    Hier, j'ai reçu un message de "La meute", groupe parisien des 'encore féministes'. Les membres viennent d'écrire au président de la Fédération française de la couture pour que la France emboîte le pas à Madrid et Milan qui, toutes les deux, ont créé un règlement empêchant les mannequins trop maigres de participer aus défilés de mode des grands couturiers. Je me demande à qui nous pourrions envoyer une telle lettre au Canada. Sûrement pas à Bev Oda, ministre de la condition féminine! Elles nous diraient sûrement que ces anorexiques porte-manteaux ont seulement besoin de plus de... spiritualité.

    Puis, j'ai reçu un autre courriel de Monica m'annonçant qu'elle a contacté la Clinique Morgentaler d'Edmonton pour leur demander ce que l'on pourrait faire pour les aider à se défendre contre la propagande de leur voisin pro-vie. Nous attendons une réponse. Et je vous en redonne des nouvelles.

    Et enfin, Marianne m'a fait parvenir ce lien vers le Dove Self-Esteem Foundation. Visionnez le petit clip sur "la vraie beauté", et vous m'en donnerez des nouvelles.


  • http://www.campaignforrealbeauty.com/home_films_evolution_v2.swf


  • Oh, un dernier petit mot pour vous, toutes les femmes de ma vie: vous êtes belles. Pour de vrai.

    11.10.06

    Invitation: enragées... et engagées

    Comme je suis contente! J’ai reçu tout plein de réponses suite à ma déclaration féministe! (Je sais que c’est un peu compliqué de laisser des commentaires sur le site de blogspot, mais faites comme les autres, envoyez-moi un courriel si vous voulez ajouter votre grain de sel : jothibeault@yahoo.com)


    Quand je vous dis que la situation des femmes régresse plus qu’elle ne s’améliore… Dans un courriel, mon amie Marianne m’a rappelé les annonces faites il y a quelques mois par notre cher gouvernement conservateur. Couper 5 millions $ dans l’administration de Condition féminine Canada et restreindre le mandat du Programme de promotion de la femme, son principal subventionneur. Au lieu de «promouvoir l'égalité de la femme», on y va dans le plus général, le plus flou : «faciliter la participation des femmes à la société canadienne en améliorant leur situation économique, sociale et culturelle». Bev Oda, ministre du Patrimoine et de la Condition féminine, croit d’ailleurs qu’il est inutile de faire des études sur les enjeux entretenant l’inégalité de la femme (inéquité salariale, abus, sexisme, discrimination) puisque ceux-ci sont bien connus ! Le programme ne subventionnera donc plus les organismes qui défendent les droits de la femme et qui font du lobbyisme auprès du gouvernement et des entreprises. Mais les projets qui concernent la «spiritualité» des femmes sont maintenant admissibles à du financement fédéral ! Voilà, femmes victimes de violence et de pauvreté, retournez à vos casseroles et à votre chapelet, réfugiez-vous dans les bras de Dieu.


    Autre sujet d’actualité au Québec : le fléau des gangs de rues. La député bloquiste, Maria Mourani (je lui lève mon chapeau), vient d’écrire un livre à ce sujet et a, par le fait même, fait des révélations étonnantes sur les filles qui font partie de ce phénomène. Traitées comme de la « marchandise », elles n’ont d’autre valeur que le cul, véritable monnaie d’échange et de pouvoir pour leurs petits, mais maintenant puissants, gangsters. Une jeune femme, en dansant et se prostituant pour la gang, peut lui rapporter plus de 250 000$ par année. On parle de Montréal, pas de Bangkok ! Souffrant d’un manque d’estime personnel, elles sont happées, manipulées par les caïds et se retrouvent prises dans les gangs.

    Quand je vous dis que ça régresse…

    La Clinique Morgentaler d’Edmonton a pignon sur rue dans le quartier Oliver depuis bien longtemps. Mon amie Monica vit à un bloc de celle-ci. Dernièrement, le tailleur chilien qui tenait boutique juste en face de la clinique a dû quitter les lieux. Le bâtiment a été vendu. Qui s’y est confortablement installé par la suite ? Un bureau de l’organisme PRO-LIFE. Leurs membres tiennent maintenant des vigiles face à l’établissement « ennemi », scandant le droit du fœtus, mais piétinant, encore une fois, les droits des femmes.


    Qui veut nous joindre, Monica et moi, pour une petite manif pro-choix et du bénévolat au centre de planning familial? LET US ROAR! Rugissons! Engageons-nous!

    4.10.06

    Encore féministe?

    « Le féminisme n’a jamais tué personne, mais le machisme tue tous les jours. »
    Benoîte Groult


    Certains d’entre vous se souviennent peut-être encore de la chronique que je tenais dans le journal Le franco il y a quelques années. Mes commentaires sociaux, sous la rubrique « Le mot de trop », avaient suscité bien des remous dans la communauté francophone d’ici, très conservatrice chez les plus âgés, puisque j’y avais traité de sujets personnels et actuels tels que le féminisme, le nudisme, l’homosexualité, le mariage, la télévision, etc.

    Ma première chronique s’appelait : « Pour un nouveau féminisme? (on ne naît pas femme, et maudit que c’est compliqué de le devenir)». J’avais eu envie d’écrire sur ce sujet en réaction à toutes ces femmes de mon âge qui répondent avec horreur « Pas moi! » quand on leur demande si elles sont féministes. Combien de fois je me suis retrouvée dans des soirées, autour d’une table, à me chicaner (presque) avec des amies qui sont persuadées que le combat des femmes pour l’égalité est terminé, que tout est gagné, que nous vivons dans le meilleur des mondes. Ces filles ne voulent tellement pas être associées à l’image de « la maudite féministe » qui déteste les hommes, la frustrée, la mal-baisée, qu’elles ne creusent même pas leur réflexion assez loin pour se rendre compte que si, par exemple, nous avons maintenant accès à la contraception et à l’avortement, c’est que quelqu’un a dû se battre pour que ça arrive!


    Dimanche soir, à Tout le monde en parle, j’ai écouté les propos la féministe BENOÎTE GROULT. Ses mots ont résonné en moi et j’espère que toutes les femmes qui l’ont entendue ont cessé de croire à l’image de la vieille féministe frustrée et mal baisée pour s’avouer qu’elle a raison. Les droits des femmes sont des cadeaux et on pourrait très facilement nous les enlever. Les femmes de mon âge et celles qui suivent sont complètement ignorantes des combats des féministes depuis un siècle. On prend tout pour acquis et on oublie tout le chemin qui a été fait. Et dans cette insouciance, on ne voit même pas quand nos droits régressent, on ne s’aperçoit même pas de toute la haine contre les femmes qui fusent encore partout sur la planète.


    Depuis deux semaines, dans tous les journaux, on traite de pute et de briseuse de ménage la politicienne Belinda Stronach. Elle est belle, elle est riche, elle est célibataire et elle aime les hommes. Pour cela, elle est une slut et une bitch. Mais, par contre, on a toujours célébré l’amour des femmes de Pierre-Elliott Trudeau et on a pardonné toutes les infidélités de René Lévesque. Jamais de trou-de-cul, de salaud, de macho ou de briseur de mariages (les leurs) pour ces hommes intouchables, bien sûr. Mais quand il s’agit d’une femme…

    Et puis, lundi, un pédophile de 32 ans est entré, avec des armes à feu, dans une école d’une communauté Amish de Pennsylvanie. Il a d’abord fait sortir les garçons (tiens, scénario déjà vu…), puis les profs et il a seulement gardé les dix petites filles. Qu’il a finalement abattues, à bout portant, tuant cinq d’entre elles et blessant grièvement les cinq autres. Ce que nous saurons plus tard, c’est qu’il avait amené avec lui des cordes et du lubrifiant. De quoi ligoter et sodomiser les fillettes.



    Ouais. Ça va bien pour les femmes et les filles de ce monde. C’est clair. Et je n’entre même pas dans les pratiques africaines d’excision du clitoris ou les crimes d’honneur musulmans. Ouais, ça va SUPER bien pour les femmes et les filles de ce monde.


    Je ne m’engueule plus maintenant avec ceux et celles qui rient de moi parce que je me dis féministe. Je laisse la télé parler pour moi.

    Après avoir lu mon blog, mon ami Kev va sûrement me demander ce que je fais pour changer les choses. C’est vrai que ce n’est pas facile d’avoir un impact, de créer du changement. À part écrire des textes de théâtre et des chroniques qui parlent des femmes, de leurs vies, de leurs défis, c’est vrai que je ne fais pas grand-chose.

    J’ai trouvé sur internet un site qui s’appelle « Encore féministes! », j’ai signé leur manifeste, j’ai signé leur pétition pour contrer la publicité sexiste. Je vous incite à en faire de même. Cette envie de lutter pour l’égalité des femmes germe en moi depuis des années, elle n’est pas encore bien articulée ni concrète, mais ça s’en vient, croyez-moi. Pour l’instant, je suis, comme Benoîte et les autres… encore féministe.


    http://encorefeministes.free.fr

    18.9.06

    Changer son nom pour septembre **

    (** j’emprunte ici la traduction française du titre d’un poème de Myrna Garanis qui participera en fin de semaine à la LEONARD COHEN NIGHT.)


    En 1967, Adrienne Clarkson animait l’émission « Take 30 » à CBC. Leonard Cohen venait de publier son deuxième roman : Beautiful Losers. En entrevue de fond avec celle qui allait un jour devenir notre Gouverneure générale, Cohen avait lancé que s’il avait à changer de nom, il choisirait septembre.

    Cohen aura 72 ans le 21 septembre prochain. Ma nièce Alysée partage la même date d’anniversaire que lui. Ma filleule Frédérique est née le 7, mon frère Alain le 5. Le mois de septembre est rempli de dates significatives. Le 23 septembre, c’est le nouvel an juif, et dimanche prochain commence le Ramadan. Et comment ne pas mentionner que cinq ans se sont écoulés depuis le fameux 11 septembre. Et maintenant, nous ajoutons à l’histoire le 13 septembre, avec la fusillade du Collège Dawson.

    Je n’avais pas envie de parler du 11 septembre dans mon blog, ni de Kimveer Gill, mais on dirait que septembre nous fait vivre, encore une fois, trop d’émotions pour simplement les balayer sous le tapis.


    Le 11 septembre 2001, vers 7 heures du matin, je me suis réveillée dans mon lit à la Centrale. La radio était à CHFA et on annonçait qu’un avion venait de percuter le World Trade Centre. Deux minutes plus tard, nous étions tous devant la télé, Yanik, Laulie, Guillaume et moi. En regardant CNN live, nous avons vu le deuxième avion s’écraser foncer dans l’autre tour. Nous étions bouche bée. Nous étions comme tout le monde. Scotchés devant la télé toute la journée pour comprendre. Pour s’imprégner de cet événement majeur qui, nous l’avons senti tout de suite, allait marquer l’histoire. Notre génération avait toujours été un peu insouciante des grandes catastrophes, des grandes guerres ou des tragédies qui frappaient ailleurs que chez nous. Le seul événement tragique qui ait pu nous marquer, c’est peut-être la tuerie à l’École Polytechnique en 1989. J’avais 16 ans à l’époque et ça m’avait surtout touchée parce que j’étais une fille et qu’on me poussait justement à devenir ingénieur à cause de mes bonnes notes.

    Le 11 septembre 2001, j’étais surtout inquiète de savoir comment se portait le trafic aérien dans le reste du monde puisque que Laulie et moi devions partir pour Amsterdam trois jours plus tard. Nous sommes effectivement parties, le 14 septembre, avec 8 heures de retard, pour un voyage d’un mois au Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg. Les back packers américains que nous avons rencontrés durant ce voyage ne comprenaient pas ce qui arrivait à leur pays, ils ne savaient pas à quel point ils étaient détestés partout dans le monde. Pour Laulie, c’était un premier voyage outremer; pour moi, c’était la fin d’une relation amoureuse de 4 ans, puisque Yanik et moi étions, inconsciemment, en processus de se séparer. C’est durant ce mois de septembre que j’ai adopté officiellement ma vie de pigiste, que je suis tombée en amour avec ces moments intenses d’écriture dans les cafés, que j’ai finalement accepté que j’étais une artiste. J’aurais effectivement, à ce moment-là, pu changer mon nom pour septembre.


    Cinq ans plus tard.

    Peut-on dire que les choses dans le monde ont tellement changé? On cherche encore Ben Laden, on brasse encore la même merde en Irak, on se mêle encore des affaires des autres en Afghanistan. Encore aujourd’hui on a annoncé la mort de 4 soldats canadiens. Et à toutes les émissions de nouvelles, on essaie de comprendre ce qui pousse encore des jeunes qui sont mal dans leur peau à s’armer jusqu’aux dents pour aller tirer sur leurs pairs dans une école.

    Le registre des armes à feu, le contrôle des sites internet, la sécurité dans les écoles… On radote encore là-dessus. Depuis des années. Mais on ne parle jamais des vraies choses. De la racine même de tout ce mal. De toute cette haine. De toute cette peur. Je ne crois pas au bien et au mal. Je ne crois qu’en deux pôles, d’une part l’amour, et de l’autre, la peur. Et quand je regarde tout ce qui se passe encore en 2006, je n’en reviens pas. Nous n’allons pas bien. Pas bien du tout. On dirait qu’il n’y a que les mois de septembre pour nous brasser la cage et nous rappeler qu’il faut faire quelque chose pour que ça change.

    Comme s’aimer un peu plus. S’aimer beaucoup plus. Sinon, ça va encore péter en septembre l’année prochaine.








    n.b. : SEPTEMBRE GLORIEUX

    Je m’en voudrais tout de même de ne pas raconter toutes les belles choses qui se passent ici en ce moment.

    LA P’TITE SCÈNE
    Nous avons relancé notre populaire soirée cabaret! Dans un tout nouveau décor, la P’tite scène est de retour depuis le 9 septembre, dans le Café des artistes. Des foules jamais vues auparavant se sont pressées pour venir prendre un verre et écouter de la musique. Une moyenne de 100 personnes ont visité la P’tite scène lors de ces deux premières soirées. Ne manquez pas cette semaine, une soirée « scène ouverte » avec nos meilleurs chansonniers!


    LEONARD COHEN NIGHT
    Je l’ai déjà pluggée plusieurs fois, mais je vous rappelle que la grande soirée aura lieu ce samedi, le 23 septembre.


    FEMMES SEULES
    C’est un reportage que mon ami, le journaliste Kevin Sweet de Radio-Canada, a réalisé sur les veuves du génocide rwandais et sur le travail de Nicole Pageau, qui dédie maintenant sa vie pour leur redonner dignité et amour. Très touchant, très beau. Ça fait réfléchir et c’est tout à fait à point avec ce qui se passe présentement au Darfour.


    Glorieux septembre…
    Autour de moi, les gens vivent de grands moments. Une de nos amies est récemment tombée en amour pendant un voyage au Rwanda. Une autre amie se fait ardemment courtisée depuis une semaine (une rencontre amoureuse à la P’tite scène! Yé!). Il y a la belle Lisette qui a acheté ses billets d’avion cette semaine pour son voyage autour du monde! Elle réalise son grand rêve, elle prend un congé sans solde d’un an pour voyager. Bravo! Kevin s’est acheté un chat, Rufus. Et jusqu’à date, il ne semble pas vouloir le rapporter au magasin. Notre amie Eveline va peut-être, finalement, nous présenter son fiancé (on commence à douter de son existence). Mon amoureux a trouvé un chantier où il est heureux et stimulé intellectuellement. Il travaille fort et ça se voit sur son corps de dieu… Et pour ma part, je viens de déposer une demande de subvention au Conseil des arts pour l’écriture d’une pièce de théâtre.

    Allez SEPTEMBRE! Continue de brasser nos vies… glorieusement.

    6.9.06

    La vie des gens riches... et libres

    Depuis hier matin, je suis riche.

    Je vous le dis. Riche parce que je n’ai plus de dettes. Oui, oui, croyez-moi, aucune dette. Je viens de faire le dernier paiement sur mon prêt étudiant. Fini! Bon, je sais, j’ai pris mon temps, dix ans pour être précise, j’aurais probablement pu le rembourser en quelques années, comme tout le monde. Mais j’ai choisi de voyager parce que c’était le seul investissement répondant à mes valeurs et à mes rêves. Grâce à ce remboursement au compte-gouttes, j’ai fait 8 séjours de plusieurs mois chacun, en Europe et en Amérique latine.

    Faut dire aussi que je suis une artiste qui travaille à la pige. Selon les standards albertains, je vis sous le seuil de la pauvreté, que dis-je, je gis sous le paillasson de la porte de la normalité en matière de revenus. Mais, au moins, je ne croule pas sous les dettes (pas de maison, pas de voiture, pas de télé 52 pouces, pas de barbecue). Ce qui fait de moi… une personne riche. Non?

    Bon, je n’ai pas des surplus de plusieurs milliards dans mes coffres comme une certaine province que l’on ne nommera pas. Mais je ne suis pas dans le trou.

    Pourtant, ce n’est vraiment pas la mode. En plus des centaines d’offres « achetez maintenant, payez dans 5 ans » pour des divans en cuir, des jacuzzi ou des VUS, la nouvelle tendance est l’achat de maisons à des prix exorbitants. C’est la folie furieuse. Partout en Alberta, avec l’arrivée massive des chercheurs de big bucks, tout le monde se garoche! Les gens se sentent coincés et obligés d’acheter NOW NOW NOW avant que ça monte encore, les offres d’achats sont faites dans le stress et le chaos, les paniqués achètent leur cabane à l’encan, ils paient des fortunes pour des maisons minuscules perdues dans les trous de la banlieue ou ils aboutissent dans des condos fades avec vue sur le balcon du voisin. Ils emménagent sans même ressentir la joie de se savoir nouveaux propriétaires et pour se rassurer d’avoir fait la bonne chose ils passent leur temps à vérifier la nouvelle valeur foncière de leur investissement, je vous le dis, on ne parle plus que de ça dans les partys et ceux qui ont acheté il y a quelques années se tapent dans le dos, mais se demandent quand même s’ils ne devraient pas vendre au cas où il y aurait un crash ou quelques cennes à faire, BREF, tout le monde est stressé et ne jase que d’argent et d’investissement et ça me donne MAL AU VENTRE! MERDE!

    Oui! Je l’avoue, je dois le partager, à cause de la situation économique de ma terre d’adoption (et mon âge peut-être aussi), je ressens quelque stress en pensant à mon compte de banque depuis quelque temps. Tout me fait miroiter mon avenir de pauvre. Quand on voit que l’écrivain moyen (qui réussit pourtant à publier 10 000 exemplaires de son livre) ne peut vivre que trois mois avec les revenus directs de la publication… quand on sait pertinemment que le milieu du théâtre est le plus mal payé des milieux de la scène… et quand on ne peut nier que le marché artistique francophone canadien est infiniment petit et que même au Québec tous les artistes en arrachent… quand on est comme moi une artiste francophone en Alberta… peut-on vraiment avoir l’espoir de faire un jour assez de sous pour se payer un toit à soi?


    Si je voulais être à la mode et faire comme le tout le monde, j'aurais deux choix : attendre que mon chum fasse assez d'argent pour nous bâtir une maison de paille ou trouver une job à temps plein dans une commission scolaire ou à Radio-Canada.

    C’est drôle, mais ça ne me tente pas. Pour le moment, je pense que je vais devoir me contenter d’être riche, à ma manière. Libre.

    26.8.06

    FRINGE AWAY!

    « All the World is a Stage »
    Shakespeare, As you like it


    Depuis une semaine, ma vie est une scène, mais elle consiste surtout à la regarder, à l’analyser et à la critiquer. J’ai vu 19 shows en 6 jours, du théâtre physique à l’improvisation en passant par la danse moderne, les marionnettes et les tragédies classiques. Je suis au bord de l’overdose, mais TRÈS inspirée. (Vive les contrats de pigiste pour Radio-Canada…)

    Le Fringe, c’est une grande fête de soleil de fin d’été, d’énergie créative et ludique, d’odeur de friture sur le site et de soif de vivre dans les multiples salles où se produisent les artistes. On ne peut pas dédier sa vie au théâtre si on n’aime pas la vie, point à la ligne. Quel bonheur de s’abreuver pendant 10 jours de toutes ces performances.

    C’est tout ce dont j’avais besoin pour débuter mon année (pour moi, les années débutent toujours en septembre; je ne pense pas que je pourrai quitter un jour le calendrier scolaire… Le jour de l’an, c’est l’été. On fait le bilan et on repart en neuf en septembre). Oui, l’année qui s’en vient en sera une de théâtre.

    Je m’arrache, encore en ce moment, les cheveux afin de compléter ma distribution pour ‘Le voyage du Couronnement’ et je prépare une demande subvention pour l’écriture d’une pièce, à soumettre au Conseil des arts avant le 15 septembre. Je me remue déjà les méninges pour l’écriture du RIRE que nous présenterons le 16 décembre comme revue humoristique de fin d’année.

    All my world is a stage et ma créativité a le trac. Ah… comme c’est bon d’avoir le trac!

    4.8.06

    Grand ménage

    J'ai promis à certains lecteurs fidèles de la blog-trotteuse d'en poursuivre l'écriture de retour de voyage, à raison d'une entrée par semaine, minimum. Heu... ouais, je me répète depuis trois ou quatre jours que je devrais écrire, mais je me demande ce qui serait intéressant à raconter pour le commun des mortels. Parce que depuis que je suis rentrée au pays, je fais du ménage.

    Attention, pas du ménage dans le sens féminin du terme (je n'ai malheureusement pas hérité de ce gène de la frotteuse effrénée dont semblent être dotées toutes les autres femmes que je connais -et quelques-uns de mes amis gais-, non, moi, je déteste torcher, décrasser, récurer, époussetter, balayer...). En ce moment, je fais plutôt du ménage dans mon identité, mes émotions, mes projets, ma garde-robe (eh ouais), ma santé, mon corps. Mon moi, finalement.

    J'ai mis bien des années à trouver une discipline de vie qui me convienne et me garde en santé, mentale et physique. Alimentation pointilleuse (sans farine de blé, sans produits laitiers, sans viande), temps de solitude méditative (généralement lors de longues promenades dans la ville), exercices créatifs quotidiens (principalement par l'écriture, mais aussi par la mise en scène ou le jeu quand j'ai des contrats), ressourcement imaginatif (livres, films, théâtre, concerts)... et une bonne dose d'humanité et d'amour (amoureux, amis, famille et boule de poil -Léo-). De cette dernière substance nourricière, je n'ai pas manqué durant mes deux mois de voyage, mais disons que la routine qui implique les autres items a été un peu mise de côté. Et j'ai écopé d'un petit déséquilibre mental et physique dont je me remets doucement.

    (J'ai peut-être perdu quelques-uns d'entre vous dans le dernier paragraphe... Et oui, si vous ne le saviez pas encore, elle est assez 'particulière', la trotteuse...)

    Alors oui, le MÉNAGE. À commencer par les vêtements d'été qui traînent dans mon placard et qui commencent à sentir la nostalgie et l'usure temporelle. Hop, dans le sac pour Good Will. Hop, dans le sac pour la fripperie Robes and Relics si c'est encore portable. AHhhhhhhhhhhhhhh! Quel bonheur de se départir de quelques guénilles! J'ai maintenant besoin d'une coupe de cheveux rafraîchissante, un petit masquage des gris et hop! J'ai le cheveu renouvelé! Les articulations criquent et craquent, les rondeurs fromagères se sont stockées sur les cuisses et le nombril, il est temps de refaire les kilomètres habituels à pieds, le yoga et le pilates. Hop! Stretche et fond. Stretche et fond. Cha cha cha.

    Suit alors le ménage dans les documents de travail et les ébauches de textes romanesques, enfin j'ai retrouvé mon ordi et je pitonne frénétiquement, comme une junkie qui rechute après une cure... Mais moi c'est l'inverse, ma cure, ma thérapie, c'est l'écriture. Alors j'écris. Et je lis. Obsession du moment, un autre Léo me berce, Leonard, le grand Cohen, et en plus d'écouter sa musique en préparation pour le show, je me tape ses romans: The Favourite Game, je découvre Montréal dans les années 50, de l'autre côté du Plateau, et ça me rappelle que j'avais eu le même plaisir avec Tremblay et la rue Fabre quand j'étais au Cegep, et maintenant je me balade sur Stanley Street et sur Sherbrooke avec le beau poète juif. Les Beautiful Losers m'attendent patiemment dans ma bibliothèque. Il fait trop beau pour aller au ciné, mais je vais me taper une semaine intensive de théâtre à partir du 17. Je fais la couverture du FRINGE pour Radio-Canada. Juste à temps pour ensuite le vivre encore plus intensément avec Le voyage du couronnement.

    Ahhhhhhh... Oui. Je me retrouve. Oui, oui, ça va mieux.

    25.7.06

    Qué calor!

    Le titre de cette nouvelle entrée trotte dans la tête de Seb depuis notre séjour à Barcelone. Pratiquant son espagnol, il m'a proposé quelques fois ce titre. Il faisait chaud là-bas, mais pas tant que ça et surtout pas assez pour en titrer un de nos messages de l'Espagne (ni de la France d'ailleurs)!

    Mais maintenant, dans la vague mondiale de canicule estivale, l'Alberta suit la mode. Et oui, il fait chaud. Je ne pense pas avoir connu une telle chaleur ici en 12 ans d'exil (bon, il est vrai que j'ai passé 9 étés sur 12 outremer)! Aujourd'hui, on a eu deux bons orages qui ont rafraîchi la flore et la faune (nous). Mais comme dirait mon bon chum Pat, on ne se plaindra pas. D'ailleurs, on profite de la chaleur pour expérimenter de nouvelles activités de groupe.


    Résultats, grâce à Pat et sa voiture, nous sommes nouveaux propriétaires d'une table et d'un fauteuil (en plus de quelques bébelles pseudo-utiles mais bon marché (genre verres à pastis et rack à bouteilles de vin...).



    Le magasinage climatisé dans le village IKEA, royaume de l'espresso à volonté (je vous le dis, un des meilleurs espressos en ville), nous a sauvé de quelques heures de déshydratation intense et nous permet maintenant de recevoir de 4 à 6 personnes pour une bonne bouffe!




    (L'histoire longue de tout cela est que nous pensions déménager dans une petite maison avec terrain pour faire des BBQ et deux chambres plus une salle à manger dès notre retour de voyage. Question de pouvoir recevoir des amis à manger ou à dormir et me donner un peu d'espace pour mon bureau. Mais nous n'avons rien trouvé qui convienne... alors on remet ça de quelques mois et pour recevoir des amis, on a ré-aménagé notre salon en mini-loft: bureau, salle de télé et salle à manger en un!)




    Et puis dimanche, au lieu de se retrouver sur les rares terrasses de la Whyte Avenue pour bruncher, nous et nos amis avons plutôt barbecué dans la brise douce des bois qui bordent la rivière North Saskatchewan. Incroyable qu'on n'ait jamais fait ça avant, nous avons ce véritable joyau à deux pas de chez nous: on descend la 91ème rue (la nôtre) et on tombe dans les vallons et les parcs de la ville, toujours prêts à nous accueillir avec leurs BBQ et leurs tables à pique-nique.



    Celles-ci sont d'ailleurs facilement déplaçables pour suivre les zones ombragées grâce aux beaux et gros muscles de nos hommes en bédaine...




    Les vacances se poursuivent donc avec le soleil et la chaleur. Seb n'est pas encore retourné sur les chantiers et moi j'essaie de me remettre dans mes projets, avec peine. Je prépare deux mises en scène: fin septembre, je dirige un show de musique et de poésie, hommage à Leonard Cohen. En même temps, je fais la mise en scène d'une pièce de Marc-Michel Bouchard pour L'UniThéâtre: Le voyage du couronnement. Je vous tiendrai au courant de tout cela au fur et à mesure. Pour l'instant, je continue à suer et à faire du yoga pour me remettre en forme. Qué calor!

    15.7.06

    Sweet Home Alberta

    Nous sommes revenus au bercail et retrouvons peu à peu nos repères, tout comme Léo qui a repris les rennes de son royaume. Après avoir dormi dans 18 lits différents, parcouru environ 25 000 kilomètres en avion, en train, en bus, en voiture et à pied, après avoir dégusté 18 sortes de fromages et 13 types de poissons, bu 62 bouteilles de rouge et des litres de pastis, nous reprenons nos petites habitudes alimentaires rationnées pour reprendre la santé et perdre les matières grasses rapportées en souvenir.



    La dernière partie de notre voyage au Québec fut un mélange de fête glamour et d'aventure rustique. Premièrement, un rassemblement de la famille Thibeault pour trinquer à notre mariage au resto grec de Baie-Jolie, puis le mariage haut en couleurs de ma cousine Isabelle à Saint-Hyacinthe.





    Chorale gospel et duo de trompettistes dans une super jolie église avec ma couz hyper belle dans sa robe blanche (son chum n'était pas mal non plus), le tout suivi d'une réception au Club de golf avec un Big Band pour nous faire swinger et un repas à nous faire encore engraisser.




    De retour en Mauricie, changement de registre, on s'embarque dans les SUV et les vans avec mes frères, ma belle-soeur, mes nièces et mon neveu pour le Lac du Trou!



    Le chalet en bois rond dans le fin-fond de la montage à St-Roch-de-Méchinac, avec les maringouins et les mulots. The Sound of Silence, oui, c'est ça qu'on entend quand on arrive sur les lieux. La vraie paix. Cléa (3 ans) et Emmanuel (4 ans) ont pêché de belles petites truites mouchetées (6 au total!), de "l'omble de fontaine", pour être plus précis.




    Seb a eu son baptême du lac àa la nage et au pédalot (il a même plongé de la galerie sans frôler la vase).



    Retour à Trois-Rivières pour un dernier repas avec la famille et Mamie, et une belle visite de ma grande amie Cathia! Elle nous a ramené à l'aéroport Trudeau le lendemain. Un dernier café, une dernière conversation, au revoir ma Cathia, bonne année à Montréal, au revoir le Québec, à bientôt.



    Léo dans sa cage, Seb et moi dans nos sièges West Jet... on décole. Flyyyyyyyyy.... vole vole vole vers l'ouest. Home sweet home.

    9.7.06

    Jazz, temptations, tams tams... apportez votre vin!

    Je sais, je sais! J'ai été plutôt paresseuse dans la continuation du blog depuis le retour au Québec... On est toujours en voyage, on est toujours occupé, mais je pense qu'on commence à accumuler une certaine fatigue.

    J'écris ce message pendant que Seb et mon père regardent la finale de foot, France-Italie. Maman fait des mots croisés et mamie roupille sur le lazy-boy, Léo fait la guidoune sur le sofa à côté de moi en se roulant sur le dos pour que je lui gratouille le poitrail. Bref, c'est un après-midi paresseux de canicule trifluvienne. Hier, ma cousine Isa s'est mariée à Saint-Hyacinthe, on a bien mangé et on a bien bu (encore, toujours, à jamais, - je jubile en pensant à ma première épicerie à Edmonton pour enfin reprendre le contrôle de mon alimentation grano-), merci Lustucru.

    Les deux dernières semaines ont donc été friandes de bonnes soirées en famille ou entre amis. Super séjour à Montréal où nous avons savouré tous mes incontournables:
    - excellentes balades pendant des heures sur les rues St-Denis, St-Laurent et Ste-Catherine (un peu de magasinage, il en va de soi)
    - petits shows gratos au Festival de jazz
    - dimanche après-midi aux tams tams du Mont-Royal (malheureusement, la place de statue est toujours en réno)



    - apéro au bar Ste-Elizabeth dans la cour intérieure envahie par le lière
    - des bières aux 3 Brasseurs pendant la victoire de la France sur le Brésil
    - une bonne bouffe chez Chu Chaï, spécialiste des "fake meats" (hum... le pseudo-canard laqué... craquant) avec mon bon ami Dave et sa copine Marie-Claude



    - une autre bonne bouffe sur la rue piétonne Prince-Arthur... à la Cabane grecque! Les restos "Apportez votre vin", c'est la plus grande trouvaille des Québécois! En plus, c'était les grandes retrouvailles: David, Mylène, Hélène, tous des anciens de la Centrale, et Patsy avec qui j'ai voyagé en Europe en 97, et Mireille, la soeur d'Hélène, qui avait fait un séjour mémorable à la Centrale à l'été 95... Que de souvenirs!



    - et oui, encore, une autre bonne bouffe devenue une tradition, un lunch à la Popessa sur St-D'nis, avec Marie-Claude et Val, deux de mes chères "soeurs-amies" (des amies de si longue date qu'elles sont comme... des soeurs)




    Évidemment, le "voyage" est un peu plus calme à Trois-Rivières, mais on a eu droit à quelques bonus dus au Festival d'art vocal. Ils ont fait un hit chez les jeunes à l'ouverture avec Simple plan, mais le reste de leur programmation vise les baby-boomers et les retraités (qui forment 95% de la population de T-R...) . Alors on a profité des passes gratuites pour regarder les vieux crooners des Temptations avec leurs beaux suits à paillettes rouge pompier faire leurs chorégraphies pas trop synchronisées.

    Mon frère et ma belle-soeur, Éric et Mylène, ont traversé le pays en fourgonnette avec leurs petites, alors on en profite pour se retrouver en famille. Ma mère est aux anges, ses trois enfants sont réunis!



    Plus que quelques jours dans la belle province avant de retourner dans l'autre: demain, une visite au chalet du Lac du trou avec les frangins. On revient à Trois-Rivières mardi pour rejoindre Cathia, l'autre trotteuse qui revient à Montréal en passant par Calgary, et mercredi, on pacte nos p'tits et on s'envole. Nous afficherons de nouvelles photos d'ici là!

    Ciao ciao! (... Allez les bleus...)

    29.6.06

    Map of the stars

    Après Ariane Moffatt et Robert Lepage que nous avons traqués nous mêmes, j’ai fait la plaisante découverte qu’il n’y a pas qu'à Montréal qu’on peut rencontrer des vedettes dans la rue ou aux terrasses des cafés. Et ouais, nous avons eu l’illustre privilège, hum hum, de croiser mademoiselle Audrey Tautou, l’Amélie de tous nos poulains, la Sophie des nos codes da Vinci. Sous la pluie parisienne d’une dernier dimanche (non pas de fiançailles, mais plutôt de noces et de shopping), avant l’envol pour Montréal, à la place du Faubourg Saint-Martin, j’ai reconnu la maigrelette brunette aux cheveux courts dans son blouson imper noir tout trempé. Elle n’avait rien d’une starlette, elle achetait quelques fruits au « Beau verger » du coin avec son chum, un grand brun un peu bohème. Incognito, véritable « girl next door », c’est le cas de le dire, mais j’ai l’œil et nous l’avons donc observée du coin de celui-ci en sirotant notre petit café et notre demi sur la terrasse du bistro voisin. Elle a mis des lunettes de soleil noires quand elle est repartie avec ses victuailles, mais personne ne l’avait reconnue, bien que sa binette soit placardée en ce moment partout dans Paris, sur toutes les affiches de cinéma et les publicités des visites organisées de l’itinéraire Da Vinci Code. Chapeau Miss Tautou, mais mangez autre chose que des fruits, vous n’avez que la peau et les os.

    Autre rencontre intéressante, pourquoi pas, à l’aéroport Charles de Gaule, j’aperçois ce grand quinquagénaire derrière moi, une autre binette qui me dit quelque chose. Mais oui, c’est le créateur de Gérard D. Laflaque. Je chuchote la nouvelle à Seb qui ne peut pas vraiment apprécier la chose, lui qui ne connaît que la marionnette informatisée qui occupe nos préparations de repas dominicaux pendant notre soirée télévisuelle sacrée : la case horaire 19h30-20h entre Découvertes et Tout le monde en parle. Je cherche son nom, ça me revient, je pense, Serge Chapleau?, nos sacs et nos manteaux passent au détecteur de métal, il me suit et ramasse ses trucs juste à côté des miens, j’en profite alors pour lui offrir un « félicitations pour votre beau programme » en roulant bien mes « r » de matante et j’en rajoute en lui disant que même dans l’Alberta francophone, on le regarde assidûment. Il dit « ah, c’est bien ça! » et nous poursuivons nos petites vies peinardes.


    Voilà pour les rencontres fortuites de stars internationales, mais je m’en voudrais de ne pas mentionner nos DEUX repas pris dans le restaurant de nul autre que la grande idole québécoise de hockey (non, pas le Rocket, il n’a pas de resto et il est mort)… le dossard numéro 10 du Canadien…Guy Lafleur! Et oui, escale inévitable entre l’aéroport Trudeau et Trois-Rivières, à Berthier, le restaurant Mikes où Guy salue tous ses invités personnellement. Je peux donc vous assurer que les produits qu’a promus Monsieur Lafleur dans le passé doivent marcher puisqu’il a toujours ses cheveux. Mais je ne peux pas vous dire comment il va en matière de vivacité érectile.

    Vive les stars!

    23.6.06

    On revient à Montréal

    Ariane chante

    "Et je reviens à Montréal
    Mon sourire est un alliage
    Ultraléger et malléable
    Totally natural"...

    Charlebois a pour sa part dit "je reviendrai à Montréal dans un grand boeing bleu de mer..."


    Eh ben, ce matin, nous, on s'apprête à prendre le train pour Paris afin de passer une dernière journée avec le frangin et sa copine et puis lundi, hop, de nouveau sur les ailes Zoom orangées d'une boîte à sardines volante... "La tête gonflée de nuages, le coeur emballé de courage..." pour continuer la route, visiter les amis et la famille et profiter, j'espère, du soleil québécois!


    Ne manquez pas la suite des aventures de Jojo et Seb, cette fois, dans la belle province. A la semaine prochaine!

    20.6.06

    Vive les mariés!

    Sébastien revient tout juste de chez le notaire avec sa famille. Papiers de succession pour la maison, les terrains et les choses de la mamie décédée en décembre dernier. Page tournée, pour continuer. A vivre.

    Je n'ai pas beaucoup parlé du flot d'émotions qui nous traverse depuis le début de ce voyage, un mois déjà, émotions belles et bonnes, parfois lourdes mais toujours intenses et significatives. Les voyages font ça. Ils remuent et bercent en même temps, ils replacent et redonnent le petit coup au derrière qu'il faut pour apprécier tout ce que l'on a. Ce que l'on a devant soi aussi. De beaux projets, de la famille, des amis, de l'amour. Beaucoup d'amour. De la vie.



    Nous avons donc parcouru des kilomètres et des kilomètres en Twingo et en Citroen ZX à travers la Bretagne. Je suis encore charmée par toutes ces petites villes nichées dans les vallons verts, ces maisons de grosses pierres avec leurs toits d'ardoise. Ah, oui. Ils ont raison d'être chauvins, ces Gaulois. Quel beau pays.


    (on ne sait jamais, ça peut aider l'immigration)

    Et puis la mer... Que dire de la mer. Sous les nuages, sous la pluie ou dans le soleil et le vent, elle est belle, elle gonfle le coeur et elle débouche nos narines au moment présent (eh ouais, y a pas encore d'allergies aux embruns et bruits des vagues... une chance!).

    Pointe du Raz (plus à l'ouest, c'est le Canada...)


    Nous avons donc eu tous les scénarios météo possibles et imaginables, porté nos manteaux d'hiver et nos bikinis, tout ça dans un rayon de 100 kilomètres et en quelques jours.

    Presqu'île de Crozon


    Camaret-sur-mer


    Nous avons mangé, mangé et mangé, tel un temps des Fêtes sans pause, nous nous levions pour aller manger chez quelqu'un, reprenions la route pour aller manger chez quelqu'un d'autre et peut-être dormir un peu à travers tout ça. Apéro de quelques heures, entrée arrosée et crudités vinaigrettées, plat principal (tous les poissons de la mer pour la petite végétarienne... miam miam!) et une autre bonne bouteille, attention, v'là les fromages! Une petite salade verte pour faire passer le tout... parce que ce n'est pas fini... reste le dessert. Flan, crème brûlée ou glaces colorées, gâteau de pommes ou yaourt fruité. Champagne, rosé, thé ou café? Hospitalité et délices, belles rencontres et accueil chaleureux... vive les mariés!

    Pique-nique avec Fred et Virginie sur la Pointe de Dinan (en bikini)


    Nous avons visité des châteaux du Moyen-âge et des îles isolées par la mer. Les maisonnettes avec leurs toits de chaume, les petits bateaux et les gros yachts de riches (d'ailleurs, la région est envahie par les Anglais qui achètent tout).


    Le Château de Suscinio


    L'Île aux moines

    Tout cela, sans pépin. Ou presque.



    Eh ouais, la Twingo dans le poteau. Rien de bien grave, heureusement. D'ailleurs, nous n'y avons rien compris. Elle était sagement garée sur une surface plate, près d'une entrée de voiture en pente, oui, le frein à main était actionné, mais le levier de vitesse n'était pas en première... Bref, souffle du vent et de la malchance, la Twingo a pris la pente et a été arrêtée... par la butte, la boîte aux lettres, et le poteau de téléphone, juste avant de traverser la rue. Phare arrière cassé, pare-choc craqué. Personne de blessé. Après le choc, on a bien rigolé. On a célébré ça en même temps que l'anniversaire de Fred en buvant du rosé devant le coucher de soleil... rosé, mais un peu caché... par les nuages. Hé. C'est ça, la Bretagne!

    12.6.06

    Meet the parents

    Voilà, la famille s'aggrandit encore avec les jours qui passent. Après le frère, la belle-soeur, la tante et la maman de Seb, maintenant le papa et sa femme, la petite soeur et la grande, matante et mononcle et les cousins, une mamie et un papy, les pitous, etc. Tous m'ont accueillie à bras ouverts avec des fleurs et des repas gargantuesques et bien arrosés, tout à la fois joyeux et émotionnels: viva la familia!



    La Bretagne est toujours aussi belle et paisible, surtout quand on la visite sous un temps chaud avec éclaircies soleillables passageusement nuageuses (par contre l'humidité est revenue - et ouais, on frise).


    J'ai aussi, malheureusement, fait intimement connaissance avec un des phénomènes populaires de la Bretagne: la bronchite. Aigüe par dessus le marché. Non, ce n'est pas que les Français me soufflent trop de leur fumée de Gauloises dans les poumons (je remarque que ça fume beaucoup moins maintenant ici, comparativement à mon dernier voyage en 200" - ah ah, les restrcitions, les taxes et les messges sur les paquets... ça marcherait?). Et non, au début, je croyais que mes allergies avaient encombré mes bronches car je toussais beaucoup la nuit, mais j'ai dû me rendre à l'évidence quand je ne pouvais plus respirer qu'en faisant un bruit de sifflet vendredi dernier et me résigner à aller voir un médecin qui, comme je l'avais prédit, n'y est pas allé de main morte avec la feuille de prescription. Scribouille, scribouille, 5 pilules-médoc-chimiques plus tard, je ressortais de la pharmacie avec un sac plein de drogues emboîtées pour 64 euros (sans compter la consultation de 2 minutes 14 secondes à 20 euros). Mais bon, aux grands maux (je préfère les mots, évidemment) les grands médicaments. Et je me sens beaucoup mieux, je dois l'admettre.



    Ce n'est pas pour vous en faire baver, mais... cet après-midi, on s'en va voir la mer.

    La belle vie, quoi!

    8.6.06

    Paris, centre du monde. Rostrenen, home.



    Désolée si nous vous avons laissé quelques jours sans mots...

    Nous voilà finalement en Bretagne, à Rostrenen précisément, l'endroit que Seb appelle 'home'... Nous avons passé deux jours à Paris chez Fred et Virginie, avec dejoyeux soupers de couple et une visite de la tante Françoise près de Chartres



    (notre visite de l'immense cathédrale fut plutôt courte puisqu'on y célébrait la Pentecôte et un grand pélerinage de trois jours avec des scouts et des bonnes soeurs en capines un peu partout... tu parles d'une idée, faire des messes dans des églises historiques! ça nuit au tourisme... Hi hi.)



    Et puis une journée dans le centre de Paris, dans le superbe soleil qui annonce enfin la venue de l'été en France, une promenade à partir de Saint-Germain-des-Prés jusqu'aux Champs élysés en passant par le Marais et la Bastille, sans oublier le Louvres, toujours grande vedette sinon plus depuis le code da Vinci. Mais bon, comme le dit Fredéric Lapointe dans le Projet Andersen, Paris n'est plus le centre du monde, et personnellement, plus je la vois et moins je suis émoustillée. MAIS, quand même, Paris, c'est Paris. Je pense que j'aurais aimé connaître cette ville (et la France en général) dans l'époque de l'avant-guerre, traîner dans le café de Flore avec Simone et les autres (en 2006, l'espresso coûte 4 euros au Flore ou au Deux Magots... je ne suis pas sûre que les existentialistes auraient traîné là à ce prix-là). Ou être à Paris durant mai 68, à vouloir changer un monde qui n'a pas déjà passer le cap du non-retour. Parce qu'on ne cesse de me le dire, ça va mal en France...



    ROBERT, MON HEROS

    Le projet Andersen, donc, nouveau spectacle solo de Lepage, une commande du Danemark pour célébrer le 100ème d'Andersen. Qui dit solo chez Lepage dit spectacle très personnel, très près de lui. Ici, le personnage principal est aussi un artiste québécois, auteur de chansons, engagé pour mettre en musique un conte d'Andersen pour l'Opéra de Paris (centre du monde?). Frédéric Lapointe est albinos et s'est toujours senti différent des autres, rejeté même, comme Andersen qui refoulait une homosexualité évidente, et comme Lepage, sujet très jeune aux cruautés des enfants autour de lui à cause d'une maladie congénitale (aucune pilosité, ni cheveux, ni sourcils, etc).

    Des procédés scéniques géniaux, parfois très technologiques (pas autant que dans 'La face cachée de la lune' par contre), et parfois très simples, à la base même du bon vieux théâtre sans moyens. D'une part, projections vidéos sur écran cuvette qui lui permet de jouer dans l'écran, décors entrant et sortant sur un système de rails, et de l'autre, des ombres chinoises avec une simple lampe ou des scènes seul assis à une table, etc. Deux personnages principaux, le Québécois et le directeur de l'Opéra de Paris, ce dernier s'avérant un maniaque sexuel chauvin en rechute (inspiré du conte 'L'ombre' d'Andersen - d'ailleurs, Lepage a accepté le projet uniquement quand il a su qu'Andersen avait une obsession pour la masturbation); deux personnages secondaires muets, Rachid un jeune maghrébin ramassant le foutre des pervers du peep show où rechute le directeur, et Andersen lui même, à travers le conte La Dryade et ses séances de séduction imaginaire. Sans oublier Fanny, la chienne qui veut faire des bébés. Bref, pas facile de vous raconter tout, je pourrais en parler pendant des pages encore. Le show comporte quelques longueurs, je dois l'admettre, mais au moins là on en a eu pour notre argent! Pas besoin de dire que Lepage est aussi, on l'oublie parfois tellement on est époustouflé par ses mises en scènes géniales, un excellent comédien.



    Alors voilà.


    Nous dormons présentement dans la yourte d'une amie de Seb (installation typique de la Mongolie, tente-maison ronde très mignonne), reste encore de la famille et des amis à rencontrer en Bretagne, des randonnées, et des fêtes. Pour l'instant, on tente surtout de combattre les allergies qui nous accablent et de nous reposer un peu en bougeant moins!




    De nouvelles photos dans quelques jours. Grosses bises à tous en attendant. Merci à tous ceux et toutes celles qui nous envoient des commentaires et des courriels. On pense à vous!

    3.6.06

    Lionnnnnne... photos... et Sir Robert Lepage




    "Lionnnnnne!", a rugi le chauffeur (espagnol) de l'autobus Eurolines en arrivant à Lyon ce matin après 10 heures de bus...

    Eh oui, Lyon, sous le soleil et le vent glacial (les météorologues prédisent un refroidissement de l'Europe à cause des courants marins détraqués par le... réchauffement de la planète - je commence à les croire-)...


    et dans quelques minutes, nous allons voir LE PROJET ANDERSEN de Robert Lepage!!!!

    Et Seb a pris le temps d'ajouter des photos aux entrées passées puisque nous sommes chez Hichem qui a un ordi!




    (Lyon est un haut lieu de la gastronomie avec ces typiques "bouchons" - ici, nous sommes chez Mimi- aux décors tout en couleurs...)

    1.6.06

    el mar y la luz (la mer et la lumière)

    Et nous voici repartis de Montauban par le train, longeant des champs de coquelicots dignes des plus beaux tableaux de Monet... Toulouse, Portbou et puis l'Espagne catalane, la côte et enfin... la méditerrannée. Bleue et turquoise, indigo et océane, la mer, la mer... que dire de plus, quand on voit la mer.

    Robert Lepage dit que la ville qui lui rappelle le plus Montréal, c'est Barcelone. Avec sa culture et sa langue bien distinctes du reste de son pays, avec son Montjuïc en plein milieu de la vieille ville, un peu comme le Mont-Royal, avec ses grandes rues remplies de terrasses et de baladeurs au sang chaud, avec son fourmillement de monde et d'émotions. Et bien, pas étonnant qu'on s'y sente autant chez soi. Quand nous aurons les millions qu'on mérite, un petit appart avec balcon sur Las Ramblas serait un coin de ressourcement humain.

    Trois jours à Barcelone, c'est justement comme trois jours à Montréal: franchement pas assez long. Mais nous avons quand même pu profiter de la ville à pieds, comme on l'aime, Las Ramblas des millions de fois, le Mercado Boqueria avec des fruits et légumes et ses odeurs odorantes de poissons poissonneux, le Barri Gotic, la Barceloneta et sa marina, l'architecture (ah! l'architecture, on n'en peut plus de s'extasier devant les bâtisses travaillées avec soin et détails artistiques)... Justement, on s'est fait une journée GAUDI, du Parc Güell avec ses méandres de bancs en mosaïque de morceaux de verres multicolores à l'époustouflante Sagrada Familia, l'oeuvre interminée et interminable de l'architecte mort en 1926, frappé par un tramway. De quoi vous redonner la foi! Le Passeig de Gracia, encore une fois un coin nanti de tous ces édifices modernistes, audacieux et si agréables à voir. Évidemment, on a pris des tonnes de photos (oui Pat et Lisette, les photos s'en viennent! Dès qu'on est à Lyon chez un ami avec un vrai ordi - les cafés internet, ça va, mais pas pour transférer les photos - on vous met tout ça en blog!).





    Des soupers à la paëlla accompagnée de tapas délicieux, des balades, de la vie, du mouvement, des gens fous et un peu trop de touristes, c'est tout ça... Barcelona. Une ville super branchée, on sent que les artistes s'y retrouvent, les freaks, les bohémias, les jeunes, les vieux, les pauvres et les riches... De tout pour tous les goûts.



    Nous avons eu deux journées très belles, ensoleillées mais jamais trop étouffantes, deux matins de pluie passagère, alors nous avons décidé que la plage et la mer et la tranquilité nous appelaient. Nous voilà donc depuis hier à SITGES, à 40 minutes de Barcelone, une petite ville de bord de mer toute mignonne. J'y étais venue avec Mylène et Patsy lors de mon premier voyage en Europe en 1997 et c'est toujours aussi relaxe. Un repère reconnu et encouragé pour le tourisme gay. Un joli coin à savourer, surtout quand il fait beau comme aujourd'hui, ciel sans nuage, entre 20 et 22 degrés. Superbement confortable.


    Ouais... j'ai toujours dit que, dans une autre vie, j'étais méditerrannéenne.




    Gaudi créait toujours ses structures avec la lumière en tête, la lumière de la méditerrannée tout particulièrement. Selon lui, la lumière de la méditerrannée est la plus belle parce que le soleil est à un angle de 45 degrés, donnant toutes les plus belles nuances d'ombre et de clarté aux choses et aux êtres.

    Je suis bien d'accord avec Gaudi.