Cet été, j'avais le projet de recommencer à
publier des textes sur ce blogue. La trotteuse était en plein road trip, ça semblait donc tout naturel
de raconter le périple transcanadien et les pérégrinations trippeuses au fur et
à mesure.
Mais c'était comme si un gros éléphant rose
évaché sur mon clavier m'empêchait d'écrire, m'obligeait à tourner autour du
pot et, finalement, à ne jamais appuyer sur la touche publish.
Avant de tout déballer sous forme de chronique
ou de journal, je sentais qu'il fallait d'abord annoncer la nouvelle. LA
nouvelle. Alors la voici (pour ceux et celles qui ne le savent pas déjà): je
déménage. Avec mari, chat et bien du bagage, on ramasse nos pénates, on lève le
camp, on décampe... oui, c'est ça, on déménage.
À la fin du mois de décembre, ce ne sera
pas la fin du monde, mais ce sera certainement, pour moi, the end of an era, mon propre B'aktun 13 maya. Je quitterai
Edmonton, cette ville d'adoption où j'ai vécu les 18 dernières années de ma vie,
pour retourner vivre dans l'est du pays, dans la province qui m'a vu naître. J'élirai
domicile dans une ville tout à fait géniale, oui, je sais, je ne suis pas très
originale, comme Mamzelle Moffatt, je reviens à Montréal.
Je sais qu'il est temps de partir depuis
longtemps, mais la décision devait s'incarner, prendre place dans tous les pores
de la peau, dans les organes et dans les os, avant de pouvoir s'articuler.
Voilà peut-être pourquoi j'ai mal partout
depuis des mois, dans le bas du dos, dans le cou, dans les doigts.
C'est un changement qui doit se propulser
par le corps, c'est une transition hard
core, qui maghane et endolore.
Entre le moment décisif, celui où
l'intellect reçoit enfin le message, et la première intuition de ne plus se
sentir à sa place, il y a inévitablement une longue période d'inconfort.
L'impression d'avoir le cul posé entre deux
chaises, un déséquilibre, un malaise, une zone pas nette. Un no human's land, un arrêt sur image.
L'attente du signal de la fée clochette.
Le temps de se lécher le doigt, avant de
pouvoir enfin tourner la page.
Alors, voilà. Let's start packing.
Et faisons le ménage. Un tri, un
dépouillement et, en même temps, le bilan d'un pan de vie, avec le sentiment
d'un certain travail accompli et le désir ardent de courir vers d'autres défis.